Kant, "Critique de la raison pure", "La raison ne voit que ce qu'elle produit elle-même"

Résumé du document

Antérieurement à Kant, les théories de la connaissance ont privilégié, soit la raison seule (depuis Aristote jusqu'à Descartes au moins), soit l'expérience sensible (la tradition empiriste : Locke, Hume). Dans cet extrait, Kant montre qu'il n'y a de connaissance que grâce à une collaboration de ces deux modes d'approche du réel (...)

Extraits

[...] Par exemple que l'on peut démontrer l'existence de Dieu (comme Descartes le prétend) - erreur qui repose sur une confusion entre ce que peut apporter l'analyse a priori d'un concept (il est possible et le constat empirique ou a posteriori qui seul confirme l'existence LA METAPHYSIQUE SE PENSE Plus généralement, c'est tout le champ de la métaphysique (Dieu, mais aussi la liberté ou l'âme) qui échappe à la connaissance, parce que ses notions sont incompatibles avec l'espace et le temps, qui définissent les conditions de toute manifestation phénoménale, et donc de toute expérimentation. Il faudrait pourtant la rendre rigoureuse, et d'une rigueur scientifique Il conviendra, selon Kant, de la penser par postulats (au sens mathématique : 4 propositions indémontrables, mais nécessaires pour constituer un système), en réfléchissant, non plus sur la connaissance, c'est-à-dire sur le versant théorique de la raison, mais sur la moralité, c'est-à-dire sur son versant pratique. Conclusion La raison instaure dans l'esprit un rapport à la loi, et cette dernière ne peut être découverte dans les phénomènes seuls. [...]

[...] Il faut donc que les exigences de la raison existent antérieurement à l'observation de la nature : l'empirisme n'est pas recevable. Mais d'autre part, la raison, par ses seuls moyens, ne peut évoquer la nature que si elle se donne la peine d'élaborer des questions déterminant son examen, faute de quoi elle reste vide et s'égare dans des conceptions a priori, mais improbables : le rationalisme absolu fait erreur. Ce que Kant résume dans cet extrait, c'est la démarche qui caractérise le rationalisme critique et qui se souvient que l'homme ne peut élaborer de connaissance qu'en fonction des moyens dont il dispose : cette connaissance relative sera, au sens fort, humaine. [...]

[...] C'est ainsi parce qu'elle veut trouver une relation de causalité universellement nécessaire que la raison interroge un phénomène, et imagine une expérience (au sens scientifique) susceptible d'en révéler la cause. L'expérimentation émane donc elle-même de la raison (ce qui sera confirmé ultérieurement, notamment par Claude Bernard) L'EXPERIENCE COMME TEMOIN La comparaison des dernières lignes (l'écolier et le juge) confirme que la raison est instruite par l'expérience. Mais il faut distinguer deux façons d'être instruit : l'une reste passive (l'écolier), l'autre (le juge) est bien active au contraire. [...]

[...] et donc qu'il lui appartient de rassembler les phénomènes observés (parce que provoqués). L'activité de la raison implique une collaboration avec l'expérience (sans expérimentation, elle risque de tourner à vide Lorsque cette dernière fait défaut, la connaissance, au sens strict, ne peut être élaborée Utiliser ses connaissances La tradition rationaliste : d'Aristote (la nature révèle toute seule ses principes) à Descartes (mépris de l'expérimentation). L'empirisme au contraire : Hume. Il n'existe aucun principe rationnel dans l'esprit. Tout (formes et contenus de la connaissance) dérive des expériences (sensibles d'abord) accumulées. [...]

[...] Kant, Critique de la raison pure La connaissance de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question UNE ETUDE PRELIMINAIRE Analyse du texte Thèse kantienne fondamentale dans la théorie de la connaissance : cette dernière s'élabore par la collaboration des principes rationnels et de l'expérience. L'extrait insiste particulièrement sur le rôle de la raison, seule capable de rattacher des observations à une loi, dès lors que c'est bien elle qui interroge la nature au lieu de se laisser passivement guider par elle (aspect anti-aristotélicien). [...]