Commentaire philosophique d'un extrait du texte de Kant Anthropologie du point de vue pragmatique.
[...] C'est cette capacité de penser sa vie, de l'orienter par rapport à des fIns. déterminés par la raison qui permet de dire de l'homme qu'il est une personne qu'il a une dignité, si l'on entend par dignité le respect qui est dû à la personne: la dignité renvoie au jugement moral que l'homme peut porter sur ses actes ou dont on peut lui demander de répondre. C'est pourquoi Kant dit de l'homme qu'il est, par sa raison, une fin en soi» ; c'est ce qui le distingue radicalement de l'animal qui, dépourvu de raison peut être pensé comme moyen: à la soumission de l'animal à l'instinct, donc à son irresponsabilité, à son absence de projet moral, s'oppose la liberté de l'homme fondé sur la raison. [...]
[...] La saisie de soi-même comme un pense» suppose une prise de conscience de soi et c'est ce moment absolument décisif et irréversible de la prise de conscience de soi que Kant analyse dans le passage de l'enfant du il au Ce passage manifeste le passage irréversible du se sentir» au pense» : quand il commence à parler, dicté par son instinct, l'enfant exprime les besoins de Charles c'est-à-dire les besoins de son corps, ce qu il sent. L'enfant est alors déterminé passivement par son corps. Il sent Il est obscur à lui-même. [...]
[...] Car cette faculté (de penser) est l'entendement. Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assez correctement, ne commence qu'assez tard (peut-être un an après)à dire Je ; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.); et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je; à partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler. Auparavant il ne faisait que se sentir; maintenant il se pense. [...]
[...] C'est à une telle objection que répond Kant à la fin du premier paragraphe par la distinction entre pensée et langage, se faisant sur ce point l'héritier de Descartes: Dans la lettre au marquis de Newcastle en 1646, Descartes analyse la différence entre l'homme et l'animal par la distinction du langage et de la pensée. Il montre que l'utilisation des mots par le perroquet renvoie à une simple répétition, le plus souvent dictée par un mouvement du corps. L'homme au contraire, parle à propos» dit il, c'est-à- dire s'inscrit dans une intention de sens et non dans une réaction. Ceci pour conclure que la pensée serait antérieure ou tout au moins condition du véritable langage, lui donnant son sens. [...]
[...] La prise de conscience de soi est l'émergence se penser c'est-à-dire ce moment où il n'est plus déterminé par son corps, mais se détermine en tant que liberté parce qu'il accède enfin à la raison. Il se découvre au centre de ses actes comme supérieur à ses sensations, par le pouvoir qu'il a de se représenter. La prise de conscience de soi doit donc être interprété toujours comme avènement d'une liberté: c'est parce qu'il est un pense» que l'homme est libre. [...]
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