La citation de Kant extraite de la Critique de la faculté de juger, à savoir "est beau ce qui plaît universellement sans concept", semble à la fois claire et complexe. Kant, dans cette définition du beau, appelle différentes notions : d'abord celle du plaisir, avec ce qui plaît, ce qui charme ; ensuite celle de l'universalité où Kant inclut dans sa définition chaque être humain, l'humanité est désignée comme un tout. Le beau semble ainsi avoir la même place qu'une loi physique, qu'une loi de la nature, il est inébranlable, unanime, universel. Enfin l'idée de concept peut être vue comme une représentation mentale, abstraite et générale que l'on se ferait du beau (...)
[...] La vision d'un beau paysage, d'une belle œuvre d'art suscite en nous toujours la même réaction, le même sentiment esthétique, qu'on le voit pour la première ou la millième fois. Pour autant on n'y est jamais préparé. La beauté est un mystère que l'on ne peut résoudre, et surtout pas par l'expérience du beau. Cela est dû au fait que cette expérience est vécue par l'homme comme un excès de sens : dans le beau, il y a quelque chose qui ne peut être entièrement soumis à ma pensée, ce trop-plein d'expérience fait que la beauté, ou plutôt l'expérience de celle-ci, devient informulable. [...]
[...] Et la négation de ce désir concret ne se fait que et uniquement par la culture. La jouissance esthétique n'a lieu que si nous ne ressentons aucune pulsion. La culture est nécessaire à l'homme pour découvrir la beauté. Ainsi l'idée de jugement de goût inné est remise en cause. Mais au-delà de la sortie de l'état de nature de l'homme lui permettant de découvrir le beau, la culture semble dans notre société actuelle jouer un rôle sur nos goûts esthétiques. [...]
[...] Voilà comment nous pouvons conclure alors d'après ce raisonnement que ce qui est beau est ce qui plaît universellement et sans concept. Ainsi, en reprenant l'idée de Kant nous aurions tous un jugement de goût universel et sans concept qui nous permettrait de voir et d'apprécier la beauté. Il n'y a pas de connaissance mises en cause, notre goût serait donc par là naturel. Mais est-ce réellement le cas ? Où se situe la culture dans tout cela ? Dans tout notre premier développement nous n'avons pas fait appel à l'idée de culture dans le beau. [...]
[...] Seulement avec ces idées, à la fois de morale et de liberté, ne sommes-nous pas en train d'établir un concept, un critère qui nous permettrait de définir, de reconnaître le beau ? Ainsi la définition de Kant qui semble au départ inébranlable au sujet de la beauté peut trouver plusieurs objections. Cependant le lien entre la conceptualisation du beau et son universalité reste tout au long du développement très fort : il est quasiment impossible de parler d'une notion sans en évoquer l'autre. Et même si de nombreuses thèses ont tenté de rejeter celle de Kant, cette définition du beau reste tout de même la plus reconnue. [...]
[...] Seule l'esthétique peut être universalité sans concept. Maintenant que nous avons vu que le beau est bien universel et sans concept, il faut mettre en avant le jugement de goût. Nous avons l'impression que notre jugement de goût est personnel, puisqu'il découle d'un sentiment esthétique qui est individuel. Mais en fait ce ne serait pas le plaisir qui causerait le jugement de goût, c'est la communicabilité de l'état d'âme qui fonde le jugement de goût et qui a pour conséquence le plaisir relatif à l'objet. [...]
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