Juger de la beauté d'une chose n'est pas une affaire d'entendement : nous jugeons qu'une chose est belle en fonction du sentiment de plaisir ou de déplaisir qu'elle nous inspire. Le jugement de goût est donc, non pas logique mais esthétique (il renvoie moins à l'entendement qu'à la sensibilité). Il est, de plus, subjectif : qu'une chose me plaise ou me déplaise, c'est fonction d'un sentiment que j'éprouve et non d'une qualité de l'objet. Kant précise qu'on peut bien trouver telle ou telle qualité à l'objet considéré : ainsi je puis reconnaître la régularité d'un édifice (...)
[...] Les ornements qu'on ajoute à l'œuvre contribuent effectivement à sa beauté s'ils n'ajoutent qu'une belle forme à une belle forme (ainsi les cadres des tableaux, les drapés des statues ou les colonnades des palais). Mais que l'ornement plaise trop pour attirer l'attention (comme un cadre doré) et alors il devient parure et nuit à la beauté authentique. Toujours le même rigorisme : Un pur jugement de goût n'a pour principe déterminant ni attrait ni émotion, en un mot aucune sensation, en tant que matière du jugement esthétique. À chacun son goût ? [...]
[...] Un plaisir esthétique ne peut être que second. Tout se passe comme si le plaisir esthétique (en tant qu'esthétique) avait pour condition subjective sa dimension d'universalité, du moins de communicabilité universelle. C'est la communicabilité universelle de la représentation impliquée dans le jugement de goût qui en est la condition subjective, et partant, qui fonde le jugement de goût. Plaisir esthétique et liberté La question est maintenant de savoir ce qui me détermine à un jugement de goût, c'est-à-dire à un jugement dans lequel la capacité de communication universelle de mon état d'âme prime sur le plaisir que j'éprouve et surtout le détermine comme plaisir esthétique. [...]
[...] Une beauté créée peut-elle ne pas être adhérente ? Et si l'œuvre est faite pour plaire, ceci n'implique-t-il pas un concept de ce que doit être la chose pour produire cet effet ? Pour le dire autrement, ne faut-il pas identifier beauté naturelle et beauté libre d'une part, beauté artistique et beauté adhérente d'autre part ? En fait, il n'en est rien. Il y a des beautés naturelles qui sont adhérentes et des beautés artistiques qui sont libres. La beauté d'un homme ou d'un cheval, celle d'une femme ou d'un enfant, sont des beautés naturelles adhérentes. [...]
[...] L'intérêt que nous éprouvons immédiatement pour le beau naturel est désintéressé et c'est pourquoi il peut passer pour le symbole du bien moral, sans pour autant se confondre avec lui. Mais il n'en va pas de même de l'intérêt que nous portons au beau artistique qui est, selon Kant, lié à la recherche d'une satisfaction. Il n'hésite pas à conclure en ces termes : Ce privilège de la beauté naturelle sur celle de l'art, même si celle- ci l'emportait sur l'autre par sa forme, d'inspirer seule un intérêt immédiat, s'accorde avec la mentalité épurée et sérieuse de tous ceux qui ont cultivé leur sentiment moral. [...]
[...] Le beau n'est ni la perfection, ni l'utilité, ni le bien ! Il arrive pourtant que nous jugions qu'une chose est belle et que notre jugement s'accompagne d'un concept de ce que doit être cette chose pour être belle . Un tel jugement, prononcé sous condition d'un concept déterminé, n'est pas un jugement pur. Cette thèse, que Kant établit au paragraphe 16 de la Critique du jugement, repose sur une très importante distinction : la distinction de la beauté libre et de la beauté adhérente. [...]
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