On insiste souvent sur les difficultés pour établir ou maintenir le respect d'une génération par rapport à une autre : il s'agit toujours d'apprendre le respect, de faire preuve de respect. Cependant, on ne donne jamais la preuve du respect, sa justification, les raisons et les arguments donnés pour le fonder, comme si cela allait de soi. Pourtant, les autres nous sont en grande partie inconnus, voire hostiles, parfois. Au nom de quel principe doit-on respecter autrui? Qu'est-ce qui fonde cette exigence? Est-ce un principe seul, évident par lui-même, ou un fondement plus complexe qui demande un raisonnement précis?
[...] C'est également cela qui justifie le respect. En autrui, nous respectons sa personne ou personnalité, c'est-à-dire« la liberté et l'indépendance à l'égard du mécanisme de la nature En autrui, on respecte ce pouvoir propre à l'humanité de se représenter une loi morale supérieure en exigence à la loi naturelle de l'intérêt. [3. Limite] Le problème est que cette définition de la personnalité reste, en fait, assez impersonnelle. Autrui est considéré comme une fin, en tant que membre de l'humanité, et défini par ce qu'il a d'identique à nous, et non par ce qu'il a de différent, or, la question du respect se pose justement sur ce point. [...]
[...] Justifier par la nécessité] [1. Les données du problème] La meilleure justification est d'abord la contrainte des faits. On respecte autrui, car on ne peut faire autrement, sinon c'est la vie de chacun qui est en danger. Il suffit de raisonner par l'absurde. Que serait, en effet, une situation où personne ne respecte personne, où chacun ne suit que ses propres désirs sans tenir compte des autres, ou en se servant des autres comme bon lui semble? Cette situation est impossible. [...]
[...] Parmi ces limites, il y a le respect de la personne et des biens d'autrui. Cependant, le procédé est indirect. Ce n'est pas autrui en tant que tel que l'on respecte, mais la loi et le souverain qui demandent de ne pas attenter à la personne et aux biens des autres. Le procédé est aussi intéressé: il s'agit de respecter autrui parce que l'on comprend rationnellement que si chacun n'en fait qu'à sa guise, c'est rétroactivement néfaste pour la société, ou tout simplement parce que l'on craint le pouvoir qui nous« tient en respect et pour éviter les désagréments de la punition légale, on reste à distance. [...]
[...] Pourtant, elle se justifie si l'on examine exactement ce que l'on respecte, ou plutôt qui l'on respecte. [2. Objet du respect] Le respect ne vaut, en effet, que pour les personnes, jamais pour les choses, si belles et grandes soient-elles. Kant nous en donne la justification. Suivre la loi morale indépendamment de son intérêt, voire de sa vie, c'est attester que nous pouvons obéir à un principe supérieur à celui de la nature. Comme ce principe s'applique de façon inconditionnelle et nécessaire, Kant en conclut logiquement que c'est la raison qui en est responsable, car elle seule peut fournir la dimension de l'universel et du nécessaire dans nos représentations mentales. [...]
[...] Il n'est pas garanti non plus que les lois soient toutes bonnes ou suffisantes pour faire appliquer le respect des autres, en toute situation. Les lois de l'apartheid en étaient un exemple flagrant. Même dans des institutions démocratiques, un certain nombre d'individus peut être victime, plus ou moins gravement, de comportements non respectueux : les femmes, les personnes âgées, ou les étrangers, etc. La loi est alors à la traîne et n'empêche pas tout, car elle ne change pas la nature profonde des gens. [...]
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