Le respect d'autrui est au coeur de la morale, il en constitue même le fondement. La morale, en effet, s'attache à régler les actions humaines dans les rapports que les hommes entretiennent avec leurs semblables et ne cesse par conséquent d'inviter les hommes à se demander en permanence comment bien agir à l'égard d'autrui. Cependant, on constate que le respect d'autrui n'est pas facile à justifier. En effet, l'homme n'arrive pas à trouver les raisons qui justifieraient le fait qu'il doive respecter autrui, et ce alors même qu'une règle morale fondamentale lui impose de le faire en permanence.
Il s'ensuit qu'on est tenté de se demander : pourquoi respecter autrui ? Le problème est alors de savoir quelles raisons on pourrait invoquer pour accomplir ce qui est pourtant au coeur de la morale et qu'on ne peut guère discuter. Par ailleurs, un autre problème survient du fait que si les raisons qui justifient le respect se révèlent comme extérieures et artificielles, il se pourrait bien qu'il n'y ait plus à proprement parler de respect véritable, dans la mesure où le respect véritable doit être justifié par des raisons pures et non par des raisons artificielles. La question devient donc : quelles peuvent être les seules et bonnes raisons de respecter autrui ?
[...] Il s'ensuit que respecter autrui consiste donc à saisir le sens et la valeur de la vie humaine qu'on peut menacer à travers l'autre et dont on devient responsable. Le respect d'autrui acquiert alors le sens d'un pur devoir dont je ne dois rien attendre en retour. Je ne respecte pas autrui parce que j'ai besoin de sa présence ou pour qu'il me respecte en retour. Il n'y a pas de "réciprocité" et, du coup, je me dois de respecter aussi celui qui ne me respecte pas. La critique de la peine de mort ne repose-t-elle pas justement sur le devoir fondamental de respecter aussi le criminel? [...]
[...] Il s'ensuit que la raison qui explique le respect d'autrui semble relever du fait. C'est la vie en commun qui semble exiger que je respecte mon "prochain», car il est celui avec qui j'ai à vivre et à cohabiter. C'est donc la vie en collectivité qui impose la nécessité d'une cohabitation pacifique entre ses membres sans qu'il y ait à discuter du pourquoi ni du comment. Schopenhauer compare ainsi la société humaine à un troupeau de porcs-épics en montrant que "le besoin de société pousse les hommes les uns vers les autres", mais qu'en même temps, leurs défauts les forcent à maintenir un écart entre eux. [...]
[...] Est-ce vraiment respecter autrui que de le tolérer pour ne pas rester seul? La notion de respect ne devrait- elle pas être justifiée par des raisons plus sincères et par un sentiment plus positif? Qui plus est, ce respect de convention auquel on obéit sans discuter, parce que "c'est comme cela", reste en lui-même injustifié. En effet, ses raisons demeurent négatives et extérieures à notre volonté, comme le souligne Kant: "La discipline est purement négative, car elle se borne à dépouiller l'homme de sa sauvagerie". [...]
[...] Comment justifier le respect d'autrui ? Le respect d'autrui est au coeur de la morale, il en constitue même le fondement. La morale, en effet, s'attache à régler les actions humaines dans les rapports que les hommes entretiennent avec leurs semblables et ne cesse par conséquent d'inviter les hommes à se demander en permanence comment bien agir à l'égard d'autrui. Cependant, on constate que le respect d'autrui n'est pas facile à justifier. En effet, l'homme n'arrive pas à trouver les raisons qui justifieraient le fait qu'il doive respecter autrui, et ce, alors même qu'une règle morale fondamentale lui impose de le faire en permanence. [...]
[...] C'est donc par pur intérêt que je respecte autrui et la raison de ce respect réside dans mon intérêt propre, alimenté par l'instinct qui me fait prendre pitié de moi si l'on venait à me faire du mal: le respect serait donc "une habile prévoyance des malheurs ou nous pouvons tomber" (La Rochefoucauld). Il apparaît donc que l'on peut justifier le respect d'autrui en faisant appel à notre sens moral. En effet, en considérant autrui comme on se considère soi-même, on se trouve enclin à la compassion, laquelle nous interdit de porter atteinte à nos semblables. Mais est-ce là encore, la forme la plus achevée du respect? Ne peut-on, en effet, y déceler un certain intérêt qui me pousserait à respecter autrui simplement pour qu'il me respecte en retour? [...]
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