La justice et l'éthique sont des thèmes centraux dans les philosophies et les religions depuis des millénaires, et nous trouvons des traces écrites de la réflexion en rapport avec ces deux thèmes dans des textes, surtout religieux, au Moyen-Orient et en Asie – pensons par exemple à la justice de Salomon (cf. 1 R 3,16-28) ou au bouddhisme. Il convient aussi de noter que, dans la Grèce antique, Platon a eu comme prédécesseur en la matière, son maître Socrate, et qu'il sera suivi par Aristote et bien d'autres qui auront diverses conceptions et traiteront de ces questions dans des contextes différents. Étant donc donné l'insertion de Platon dans une région géographique et linguistique – Athènes, bien sûr, mais aussi plus largement la Grèce, la Sicile et l'Italie du Sud –, et le contexte des difficultés sociales de son temps – son activité d'écrivain commença vraisemblablement avec l'Apologie de Socrate (après -399 et probablement avant son premier voyage en Sicile) et couvrent une période d'environ 50 ans –, nous voulons considérer dans ces pages l'évolution de sa pensée personnelle sur la justice et l'éthique, plus précisément sur la justice et l'éthique sociales, et voir ensuite son influence dans la doctrine sociale de l'Église.
[...] En fait, sur ce point, l'éthique et la justice coïncident, car chez Platon la justice est synonyme d'harmonie. Ainsi, par son enseignement à travers les dialogues et plus directement, en son temps, de vive voix à l'Académie Platon a essayé de porter remède aux maux dans la société des hommes se qui déchiraient les uns les autres dans leur quête de pouvoir, de la gloire humaine, du plaisir et par avarice Justice-dikè et éthique-ethos dans les dialogues de Platon Pour une étude chronologique de dikè et ethos dans les écrits de Platon, j'ai choisi de me servir de l'hypothèse de Brickhouse, qui est fondée sur des analyses stylistiques et sur le contenu[9]. [...]
[...] Cela nous fera aussi comprendre que, si nous voulons bien comprendre Platon, nous ne devons pas charger ses mots de notre propre contenu ni d'ailleurs nous fier trop vite à une traduction Justice-Dikè Dans The Oxford Companion to Philosophy, nous trouvons au tout début de l'article Justice la définition suivante : Dans un sens, la justice est identifié avec l'éthique de qui devrait recevoir des prestations et charges, des biens ou des maux de multiples genres, puisque d'autres aussi peuvent recevoir de telles choses[4] La justice et l'éthique sont donc étroitement liées. Toutefois, cette définition ne correspond qu'à la première de quatre acceptions indiquées dans le Vocabulaire technique et critique de la philosophie ; l'article de ce volume est particulièrement intéressant et utile pour notre étude parce qu'il explique comment la différence de ces acceptions dépend des mots employés dans les différentes langues. En effet, les philosophes y compris Platon ont utilisé des mots qui existaient déjà pour nommer des idées nouvelles. [...]
[...] Socrate refuse, en expliquant que cela serait injuste, car ce serait repayer une injustice par une autre. Pour lui, plus important que la vie elle-même est le fait de vivre selon des critères éthiques ; et ces critères ne lui permettent pas de poser un acte injuste et contraire à son engagement envers la cité. C'est ce qui ressort de la conversation entre Socrate et la personnification de loi athénienne (52a-d) : La Loi athénienne : En choisissant de rester parmi nous, tu acceptais sans réserve la façon dont est gérée la cité et rendue la justice. [...]
[...] dans : Le Devoir, Montréal, édition du 14-15 novembre 2009. Émile Chambry, La Bibliothèque électronique du Québec, s.d. Collection Philosophie Volume 5 : version Conseil Pontifical Justice et Paix Compendium de la doctrine sociale de l'Église catholique, Cité du Vatican : LEV F. Goetghebeur Les milles visages du bouddhisme : Histoire, actualité et pratiques, Bruxelles : Éditions Racines T. Honderich (éd.), The Oxford Companion to Philosophy, Oxford : OUP A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris : PUF P. [...]
[...] Dans ce passage, la justice est opposée au désir de plaire. En fait, le devoir d'un juge est d'appliquer les lois nous pouvons ajouter : quelles qu'elles soient, surtout, selon Platon, dans une société troublée par des divisions sans se laisser affecter par des sentiments et sans faire acception de personne. D'autre part, la même justice donne à l'accusé le devoir d'« éclairer et convaincre le juge, en présentant les faits réels. Exercer la justice signifie, donc, bien jouer son rôle dans la société : comme juge en jugeant avec équité, et comme accusé en présentant les faits et acceptant le verdict du juge. [...]
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