La justice comme vertu fondamentale dans La République de Platon (IV, 433b-433e)

Thèmes abordés

Justice comme vertu fondamentale, La République, Platon, IV, 433b-433e, Socrate, Glaucon, vertu fondamentale

Résumé du document

Après le livre I, centré autour des opinions courantes sur la justice, les livres II à IV explicitent la définition de la justice et en viennent à l'idée de la formation d'une cité idéale. Il est donc à l'œuvre dans notre extrait la constitution d'une cité en formation afin d'assister aussi à la formation de la justice. L'examen porte sur une cité fictive, il s'agit de la construire par le biais de l'imagination. Cependant, pour que cette construction soit instructive, elle ne doit pas être pure fantaisie, mais doit autant que possible s'approcher de la réalité. Dans notre extrait (République, IV, 433b-433e) Socrate veut amener Glaucon à reconnaître que la justice est la vertu fondamentale parmi les quatre vertus cardinales (les trois autres étant la prudence, la tempérance et la force), afin de lui faire comprendre que l'excellence d'une cité repose sur la juste répartition des tâches aux citoyens et sur leur capacité à former une harmonie, un équilibre au sein de la cité.

Extraits

[...] Mais le contexte nous montre que la vertu de justice est simplement déduite. Une note du traducteur Georges Leroux précise que Platon laisse entendre ici que là cette définition de la justice est courante, il faut entendre la justice comme sagesse. En réalité, Platon attribue ici à la justice deux effets substantiels sur les autres vertus. D'abord la justice a le pouvoir de les faire advenir, elle est donc en quelque sorte la cause de l'ensemble des vertus, c'est-à- dire qu'elle est leur puissance, et ensuite elle est la condition de leur préservation dans la cité, puisque sans la justice, les autres vertus disparaîtront. [...]

[...] On peut alors rappeler que pour Platon, ce qui fait la véritable supériorité d'un homme ou au contraire son défaut d'humanité, c'est qu'il sait ou au contraire qu'il ignore le rapport qui le lie à l'idéal. Le digne gardien de la cité sera donc celui qui sait par quelles voies sont bonnes les actions justes et belles c'est-à-dire quelles relations les lie au Bien, au transcendant. Quant au courage, c'est la vertu propre aux guerriers qui ont en charge de défendre la cité. [...]

[...] Courage ou soteria doit ici être compris dans le sens complet du mot. Le courageux sera celui qui, éclairé par la raison, discernera ce qui est à craindre de ce qui ne l'est pas, résistera à l'attrait du plaisir aussi bien qu'à la menace du danger. Leur âme, grâce à l'éducation qu'ils ont reçue apparaît comme si bien imprégnée de cette vertu qu'elle leur est devenue ineffaçable. Finalement, la maîtrise de soi ou modération a ici le sens de discipline intérieure, faisant référence à la tripartition de l'âme envisagée dans le mythe de l'attelage ailé du Phèdre. [...]

[...] La primauté de la justice se fonde dans son rapport avec le Bien, et au sein de la cité, elle prend forme dans trois dispositions spécifiques : l'accord des citoyens entre eux (homodoxia), qu'il a proposé plus haut comme définition de la modération, la constance des guerriers dans la préservation de la loi (soteria) aussi proposée comme définition du courage, et la sagesse des gouvernants (phronesis) qui ne sont autres que les gardiens par excellence de la cité. Ce qu'on en partage l'ensemble des vertus, c'est leur rapport avec le Bien, cependant, on est en droit de se demander si être vertueux mène nécessairement au Bien ! [...]

[...] D'abord en définissant la justice par rapport aux autres vertus, puis en déterminant en quoi la justice rend la cité bonne pour finalement conclure que la justice est la condition du salut pour la cité. Socrate développe que si la cité a été bien organisée, on doit trouver en elle quatre vertus : la modération, le courage, la sagesse et la justice. La méthode employée est comparable à celle d'une opération arithmétique : si l'on cherche d'abord les trois premières vertus qui sont aisées à reconnaître, ce qui restera de vertueux dans la cité sera nécessairement la justice. [...]