Tu ne feras pas fléchir la justice et tu n'auras pas d'égard aux personnes ; tu n'accepteras pas de présents, car les présents aveuglent les yeux du sage et compromettent la cause des justes. » (Deutéronome XVI-19) L'impartialité, qualité de ce qui n'exprime aucun parti pris, semble ainsi se poser comme condition essentielle de l'existence de la justice. Cependant, l'impartialité permet-elle véritablement à l'homme d'atteindre la justice ? L'absence de parti pris ne peut-il pas être même source d'injustice en s'assimilant à de l'indifférence ou de la froideur ? Comment l'homme doit-il dès lors appréhender l'impartialité afin de prendre des décisions les plus justes possibles ?
[...] La justice comme impartialité Tu ne feras pas fléchir la justice et tu n'auras pas d'égard aux personnes ; tu n'accepteras pas de présents, car les présents aveuglent les yeux du sage et compromettent la cause des justes. (Deutéronome XVI-19) L'impartialité, qualité de ce qui n'exprime aucun parti pris, semble ainsi se poser comme condition essentielle de l'existence de la justice. Cependant, l'impartialité permet-elle véritablement à l'homme d'atteindre la justice ? L'absence de parti pris ne peut-il pas être même source d'injustice en s'assimilant à de l'indifférence ou de la froideur ? Comment l'homme doit-il dès lors appréhender l'impartialité afin de prendre des décisions les plus justes possibles ? [...]
[...] Rawls affirme que cette vision utilitariste de l'impartialité qui ne reconnaît pas les individus comme des personnes distinctes est en fait synonyme d'indifférence. Ainsi, les yeux bandés de l'image allégorique de la Justice montrant son impartialité témoigneraient surtout du caractère aveugle de la justice à l'égard des personnes privées ; la justice comme impartialité ne prendrait en effet en compte que l'angle du collectif et pourrait par conséquent être source d'injustice. Au contraire, certaines formes de partialité paraissent au contraire être justes, comme par exemple le fait de favoriser nos proches par rapport à des personnes qui nous seraient étrangères. [...]
[...] Cette théorie montre ici qu'il peut exister des formes de partialité acceptables et même considérées comme justes, l'impartialité ne devant donc pas toujours être de mise dans tout jugement. Ainsi, l'impartialité semble constituer une facette de la justice sans pour autant être la condition de son existence. Comment peut elle par conséquent être conciliée à des formes de partialité considérées comme justes afin d'atteindre une plus grande justice ? L'impartialité doit par conséquent être conciliée avec certaines formes de partialité, comme la bienveillance et surtout l'équité, pour tendre vers une plus grande justice : c'est en dernier lieu l'arbitrage de l'homme suivant son libre-arbitre, en intégrant ces deux facettes de la justice, qui lui permet de prendre des décisions justes. [...]
[...] L'impartialité, désignant la qualité d'une personne, d'une institution, d'une loi ou d'une politique qui n'exprime aucun parti pris, en évitant les distorsions dues aux préjugés et à l'intérêt personnel, semble constituer le fondement de la justice et être la condition de son existence. Tout comme l'adjectif anglais partial signifie à la fois partiel et partial l'impartialité peut se définir selon deux critères précis. L'impartialité d'un jugement réside d'abord en ce qu'il n'est pas partiel au sens d'incomplet : il doit en effet considérer la situation donnée dans son intégralité, en prenant en compte toutes les perspectives et toutes les personnes. [...]
[...] La justice est par définition humaine, rendue par et pour les hommes, or il apparaît difficile de concevoir qu'un homme, être par nature faillible et sujet à des passions de toutes sortes, puisse être totalement impartial. Ce doute sur l'impartialité de l'homme peut tout d'abord s'observer par la présence de jurés qui complètent l'avis du juge lors d'un procès ; ainsi l'avis imparfaitement impartial du grand nombre serait préférable à l'avis imparfaitement impartial d'un seul homme. De plus, comment des hommes peuvent-ils faire preuve d'impartialité, ne pas prendre parti, s'ils sont confrontés à des cas comme celui extrême d'un criminel contre l'humanité, d'une personne responsable d'actes innommables et que l'on est plus tenté de qualifier immédiatement de monstre que de la considérer sans préjugés ni parti pris préalable ? [...]
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