Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Les normes du juste et de l'injuste sont variables d'une culture à l'autre, dans une même culture, d'une époque à l'autre. Constat déjà fait par les sophistes et thématisé dans le cadre de l'opposition entre la convention et la nature. Le juste et l'injuste varient, n'ont d'autre réalité que nominale (est juste ce que les lois définissent comme tem) : tout est-il relatif ? Les normes du juste et de l'injuste peuvent bien varier d'une culture à l'autre, d'une cité à l'autre, il n'empêche : elles sont à la fois, sinon le reflet, du moins la condition même d'un certain ordre, sans quoi nulle vie commune ne serait possible, nulle relation stable ne pourrait valoir : l'on ne peut les réduire à de simples déterminations formelles ; traduisent-elles alors, au niveau de la cité, comme une exigence d'ordre morale, une exigence d'égalité ou de réciprocité, ce qui suppose, comme Rousseau l'affirme dans le Discours sur l'origine et les fondements des inégalités parmi les hommes, une capacité de se décentrer, de tenir compte, non pas de son existence propre seulement, mais de celle de l'autre ? Le juste et l'injuste sont-ils à rechercher du côté de ce que les lois instituent (il n'y aurait de juste alors que dans la conformité à ce qu'elles édictent) ; renvoient-ils à une exigence d'ordre morale ? L'ordre juste est-il à chercher dans l'extérieur ou l'intérieur ?
[...] Qui n'a jamais subi l'injustice peut-il comprendre le juste et l'injuste ? On peut dire aussi que sans cette sensibilité à l'injustice, nul ne s'offusquerait du comportement des vainqueurs dans l'histoire ; nul ne réclamerait justice contre celle des vainqueurs : une justice souvent expéditive, qui ne connait qu'une seule égalité, la mort, la plus ignominieuse possible, que l'on inflige à ses ennemis. Il ne semble donc pas que l'on puisse faire du juste et de l'injuste une simple question de convention : la sensibilité à l'injustice, l'acte de générosité désintéressée, le refus aussi de consentir aux lois iniques des régimes totalitaires témoignent d'un souci de l'autre, du développement de la raison en l'homme. [...]
[...] Livre II, Platon : donnons au juste un tel anneau, il se comportera comme l'injuste. Le juste en soi donc n'existe pas, puisque le juste n'agit que par crainte du châtiment. Qui sait pourtant si toutes ces arguties ne visent pas à faire du juste et de l'injuste un simple masque pour la défense de ses intérêts propres ? Mais il y a en l'homme une sensibilité à l'injustice : Sûrement pas : on ne comprendrait pas autrement que l'injustice révolte. [...]
[...] Le juste et l'injuste ne sont-ils que des conventions ? Introduction : Pascal Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà Les normes du juste et de l'injuste sont variables d'une culture à l'autre, dans une même culture, d'une époque à l'autre. Constat déjà fait par les sophistes et thématisé dans le cadre de l'opposition entre la convention et la nature. Le juste et l'injuste varient, n'ont d'autre réalité que nominale (est juste ce que les lois définissent comme tem) : tout est-il relatif ? [...]
[...] Conclusion : On peut croire que le juste et l'injuste ne soient affaires que de convention, en opposition à ce qui relève de la véritable nature des choses les rapports de force. Le caractère universel de la sensibilité à l'injustice interdit toutefois de tomber dans le nominalisme, révèle bien plutôt une capacité, en l'homme, de dépasser son égoïsme propre : on ne ressent pas l'injustice pour soi seulement mais pour l'autre aussi. Si le sentiment du juste de et l'injuste peut se formuler, au niveau de la raison, par les règles du devoir, telles qu'on les trouve dans la morale kantienne, l'expression sociale de ces règles dans le droit tient compte de multiples facteurs d'ordre historique et sociologique. [...]
[...] L'ordre juste est-il à chercher dans l'extérieur ou l'intérieur ? Le juste et l'injuste ne seraient que des conventions arbitraires D'une culture à l'autre, d'une époque à l'autre, l'on observe des variations dans la façon dont les hommes conçoivent le juste, l'injuste. Tantôt, l'on estime que celui qui vaut plus doit recevoir davantage que celui qui vaut moins, en termes d'honneurs ou de rémunération pécuniaire ; tantôt on rêve d'une égalité stricte Pour Calliclès, dans le Gorgias, il va de soi que la justice se conjugue avec l'inégalité : à la justice telle qu'elle est établie dans la cité, une justice égalitaire, Calliclès oppose une autre justice, celle qui relève de la véritable nature des choses une justice qui institue entre les êtres vivants des rapports de supériorité et d'infériorité. [...]
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