Le sadomasochisme met en concurrence le droit individuel et la dignité humaine. Cette pratique nous met face à nos propres contradictions, car elle nous fait prendre conscience de l'impossibilité de juger en faisant abstraction de nos critères moraux. Dans une société libérale où l'individu a tous les droits tant qu'il n'empiète pas sur ceux des autres, il apparaît que nous ne pouvons pas légitimement condamner le sadomasochisme s'il est consenti. Ainsi, avec Robert Nozick, on conçoit que tous les contrats passés entre les individus sont justes et valides s'ils ont été acceptés en toute connaissance de cause par les deux parties. Or, il semble bien que le sadomasochisme se base sur un contrat, avec des règles codifiées et un accord mutuel des personnes engagées dans la pratique.
[...] BIBLIOGRAPHIE FABRE-MAGNAN Muriel « Le sadisme n'est pas un droit de l'homme », Recueil Dalloz chronique, pp. 2973-2981 QUIVIGER, Pierre-Yves. « Du droit au consentement. Sur quelques figures contemporaines du paternalisme, des sadomasochistes aux Témoins de Jéhovah », Raisons politiques, vol no pp. 79-94 SARTRE Jean-Paul, L'Etre et le néant, Essai d'ontologie phénoménologique, Gallimard, PARIS SIMARD David, La question du consentement sexuel: entre liberté́ individuelle et dignité́ humaine. Sexologies, Elsevier SOPENA Antonin, La dignité à l'épreuve du sadomasochisme, et inversement, VACARME n° avril 2010 STRUYKER BOUDIER Henk. Le sadomasochisme. [...]
[...] Ainsi, nous posons des limites juridiques et morales à la liberté individuelle justement pour faire advenir cette liberté individuelle : car si tout est liberté, comment la reconnaître ? Je ne dis pas pour autant qu'il faut interdire d'emblée les pratiques sadomasochistes. Les conceptions morales autant que sociales peuvent évoluer, et poser des limites à la liberté individuelle ne signifie en aucun cas la rejeter en bloc ou nier son importance majeure. Ne pas condamner un cas comme l'affaire CEDH, K. A. [...]
[...] Remarques au sujet de la philosophie sartrienne des relations concrètes dans «L'être et le néant». In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 81, n° pp. [...]
[...] Le fait est qu'il est impossible de s'abstraire de ces impressions morales pour étudier un cas comme le sadomasochisme, et a fortiori tous les autres. Je pense qu'il faut au contraire s'employer à interroger cette opinion immédiate, la questionner pour comprendre sur quoi elle se fonde, car il me semble que c'est ainsi que l'on trouvera une réponse réellement satisfaisante à la question de savoir si nous pouvons accepter une pratique comme le sadomasochisme, même si elle est consentie par les individus qui s'y emploient. [...]
[...] Pourtant, on peut se demander ce qui se serait produit si le « contrat » sadomasochiste n'avait ici pas présenté de rupture, et si le consentement de la femme avait été pleinement explicite tout au long de la scène. Pour autant, je n'aurais pas trouvé juste de disculper ces deux hommes. On pourrait de fait penser que cela ne concerne que mes convictions morales, et effectivement, cela relève bien du domaine de l'opinion. Toutefois, je pense qu'il ne serait pas raisonnable de mettre cette impression de côté au motif qu'elle n'est pas objective et prétendre aborder ensuite une résolution « neutre » du problème. [...]
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