Le journaliste, homme de lettres et cultivé, a pour mission d'informer, de rendre compte des événements qui sont en train de se dérouler dans le monde, voire de nous informer ou d'infirmer le déroulement de certaines actions déjà ancrées dans le passé. À l'origine, il s'exprimait principalement par écrit avec la presse qui constitue alors une grande collection de documents écrits qui peuvent alors être étudiés. Aujourd'hui il existe d'autres vecteurs du travail de journaliste qui offrent alors à l'historien encore plus de documents à analyser.
De ce fait, en quoi le journaliste, à travers le métier qu'il exerce, prend-il part à l'élaboration du fait historique et comment s'y prend-il ?
En premier lieu il paraît évident que le journaliste, présent sur le terrain, dans le feu de l'action, est essentiel puisqu'il est le témoin d'événements qui seront par la suite historiques. En quoi le journaliste est-il alors au coeur de ces événements ? Cependant, l'histoire est une notion ambigüe qui fait appel à un double sens et dont le concept est particulier. Ainsi, pour quelle "histoire" le journaliste prend-il part ? Dès lors, quelle est la portée de son action ?
Comme tout homme, le journaliste est ancré dans l'histoire et partage un passé commun. Mais à la différence du commun des mortels, il se doit de se trouver au coeur d'événements importants qui tendent à devenir, par la suite, historiques. Il rend en fait compte de ce qui se passe dans l'immédiat, de ce qui se passe en temps réel. D'après Braudel et son oeuvre Écrits sur l'histoire, le travail du journaliste est ancré dans la temporalité brève, il est en quelque sorte la « houle » pour reprendre sa métaphore maritime, alors que l'historien est plutôt la « lame de fond », il est alors ancré dans une temporalité longue grâce au recul qu'il prend, ce que ne fait pas le journaliste. Par exemple, en 2008, nous n'entendions parler constamment que de cette crise financière et économique qui a touché les États-Unis puis l'Europe. (...)
[...] Par exemple, en 1986, les médias se sont fait le porte-parole du Gouvernement Français, lorsque ce dernier affirmait que la France n'était pas touchée par le nuage radioactif produit par l'explosion de la centrale de Tchernobyl. Le journaliste peut donc d'une certaine manière, en écrivant l'histoire, l'inventer. Quelle en est alors la conception de l'homme qui s'en dégage ? Le journaliste incarne la conception de l'insociable sociabilité que développe Kant dans l'Idée d'une Histoire Universelle du point de vue cosmopolitique (IHU). Effectivement, le journaliste, sur le terrain, va à la rencontre des individus ; il fait, de plus, partie d'un groupe d'individus. [...]
[...] Il crée alors de nombreux documents écrits qui auront par la suite une valeur de documents historiques. Il en est de même pour les documents iconographiques. Cette variété des supports offrent alors au commun des mortels ainsi qu'à l'historien des visions différentes, propices à une éventuelle comparaison. Nous pouvons alors en dégager des affirmations plus ou moins sûres sur un événement donné. Pour illustrer cela, on peut faire un parallèle entre deux événements qui se sont produits au Maghreb à des dates différentes. [...]
[...] Cependant ces derniers ne suffisent pas pour élaborer l'Histoire, chaque journal ayant une orientation politique différente, il faut pouvoir savoir dégager la part de vérité que comporte le document justement grâce à la méthode critique de l'historien. À nouveau, le travail du journaliste et de l'historien apparaissent alors comme complémentaires. Cette complémentarité se retrouve-t-elle dans tous les domaines ? Dans les années 1930, Marcel Bloch définit la pluralité de l'histoire avec l'école des annales. L'histoire n'est plus que seulement des faits de guerre ou l'étude de dynasties de roi, l'histoire est plurielle et s'intéresse à tout ! De plus, l'histoire n'est pas que humaine ! [...]
[...] Par exemple, dans des journaux télévisés ou des articles écrits, après avoir évoqué des circonstances telles que le nombre de victimes, le cadre spatio-temporel de l'action il s'en suit un débat ou un entretien avec un expert qui peut être parfois un historien. Il existe alors une complémentarité entre le travail de journaliste et d'historien : le journaliste est donc impliqué dans l'écriture de l'Histoire. Toutefois, le débat ou cet entretien n'a pas toujours lieu, le journaliste est, de ce fait, plus dans la description que dans l'explication. Le journaliste intéresse donc plus l'histoire (die Geschichte) que l'Histoire (Histori). Mais quelles sont les preuves de l'histoire permettant son établissement ? [...]
[...] Le journaliste se doit donc d'être sociable. Il doit être libre pour exercer son métier correctement, et, pour se faire, évité d'être confronté à des hommes associables qui le verraient alors comme un ennemi. Cependant, le journaliste est souvent mal vu et a une réputation de "fouille-merde" comme le pense certains dirigeants d'entreprises Pour exercer correctement son métier, le journaliste a donc parfois recours à des méthodes, comme, par exemple, des caméras cachées, pour mieux rendre compte de la réalité des événements. [...]
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