Quarante ans après mai 68 il semble illusoire de prôner la révolution tant il parait évident que les dernières révolutions ont échoué, que les idéologies sont mortes, que ceux qui critiquaient le système en sont devenus les maîtres, que les penseurs ont été absorbés, digérés ou rendus totalement inoffensifs, que les figures révolutionnaires sont tout juste bonnes à faire vendre des T-shirts sur les marchés, des posters sur les quais de Seine ou des abonnements téléphoniques. La jeunesse doit-elle pour autant renoncer à la révolution ?
[...] La minorité est, pour Deleuze, un ensemble de personnes qui se retrouvent positivement sur une communion d'intérêt, de statut, de mode de vie (les gays, les minorités raciales etc.). La minorité se définit aussi négativement. C'est ce groupe de personnes qui ne correspondent pas aux canons de la société, à l'étalon. Blanc, occidental, cadre, vivant en milieu urbain. Ceux qui n'y correspondent pas ou refusent d'y correspondre. C'est ceux-là les devenirs révolutionnaires Le devenir-révolutionnaire passe ainsi par la prise de conscience de son caractère minoritaire. Tant qu'il y aura des minorités, il y aura des devenirs-révolutionnaires. [...]
[...] Pourtant, force est de reconnaître qu'il est difficile de savoir, par exemple, quand commence la vieillesse. Les frontières sont floues et varient suivant les individus et les époques. Cette fluctuation dans le temps s'explique par l'évolution des mœurs (premier emploi, mariage, étude, etc.), mais aussi simplement par l'évolution de l'espérance de vie : l'espérance de vie d'un homme né en France en 1901 est de 46,9 ans, en ans[1]. Mais comment s'explique l'incertitude entre les individus sur la représentation de la jeunesse ? [...]
[...] Si les nomades nous [Guattari et Deleuze] ont intéressés, c'est qu'ils sont un devenir, et ne font pas partie de l'histoire ( Le devenir n'est pas de l'histoire ; l'histoire désigne seulement l'ensemble des conditions si récentes soient-elles, dont on se détourne pour devenir c'est-à-dire pour créer quelque chose de nouveau. ( ) Aujourd'hui la mode est de dénoncer les horreurs de la révolution. Ce n'est même pas nouveau, tout le romantisme anglais est plein d'une réflexion sur Cromwell très analogue à celle sur Staline aujourd'hui. [...]
[...] On dit que les révolutions ont un mauvais avenir. Mais on ne cesse pas de mélanger deux choses, l'avenir des révolutions dans l'histoire et le devenir-révolutionnaire des gens. Ce ne sont même pas les mêmes gens dans les deux cas. La seule chance des hommes est dans le devenir révolutionnaire, qui peut seul conjurer la honte, ou répondre à l'intolérable. Deleuze attire l'attention sur ce qu'il appelle le devenir-révolutionnaire des gens Que veut-il dire par là ? La révolution est l'action plus ou moins violente d'une minorité qui s'estime opprimée. [...]
[...] Pour conclure, revenons sur les difficultés du sujet. Il nous a paru nécessaire de discuter l'efficacité théorique de l'utilisation d'un concept aussi large que celui de la jeunesse. Cette dissolution nous amena à comprendre que poser l'existence d'une seule jeunesse était déjà une manière, aujourd'hui, de renoncer à la révolution puisque la jeunesse en tant qu'entité à part entière est insaisissable, étant elle-même objet de lutte. Nous avons alors avancé dans l'analyse de ce qui pourrait empêcher de manière effective la révolution et qui, donc, pourrait justifier un renoncement. [...]
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