Le terme même d' « histoire » recèle différentes significations. L'histoire, c'est tout d'abord le récit de ce qui a eu lieu dans le passé, la connaissance des époques, des évènements, des faits appartenant au passé. C'est l'histoire entendue comme discipline faisant l'objet d'un enseignement. En un second sens, l'histoire se réfère à la réalité historique elle-même dont rend compte l'histoire au sens précédent. Elle désigne alors les évènements ou les actes eux-mêmes, leurs dépendances, leur enchaînement... La réalité historique se rapporte au passé tel qu'il a été vécu et parcouru par l'ensemble de l'humanité. C'est en ce sens qu'on peut parler du cours de l'histoire. Or se demander si l'histoire a un sens, c'est se demander à la fois si on peut la comprendre, si elle est cohérente et si elle est orientée vers une direction et une fin précise. Penser l'histoire est une nécessité, pour les individus comme pour les sociétés humaines : chacun y recherche une cohérence, pour ne pas dire un destin, dans un vécu dont il s'agit, par la pensée, de dominer et d'ordonner le cours. Mais alors, ce que font les hommes est-il dénué de sens ou au contraire l'ensemble de leurs actions est-il pleinement significatif ? Est-ce que l'histoire des hommes n'est que l'histoire de nos passions, de la violence, des guerres ?
[...] En effet, derrière tout ce que font les hommes, et notamment, derrière tous leurs actes les plus absurdes ou les plus passionnels, se cache une raison/un Esprit, qui mène le monde vers plus de liberté, plus de rationalité, plus de moralité. Donc, à partir du moment où l'on pose la manifestation de l'Esprit comme but de l'histoire, tous les événements, dans leur bousculade informe trouvent un sens relativement à l'horizon final de la totalité. C'est donc la découverte de la fin du processus qui éclaire rétrospectivement chacun de ses moments et en permet l'appréciation. Cependant, il faut faire attention à ne pas travestir les propos d'Hegel. Celui-ci ne vise en aucun cas à justifier les actions d'un Hitler, par exemple. [...]
[...] On voit donc se dégager là le refus herderien de toute absolutisation du progrès et sa profonde conviction selon laquelle la civilisation avance, mais n'en devient pas plus parfaite D'où l'interrogation herdérienne de savoir si le projet même d'une histoire universelle de l'humanité, requérant la mise en série des époques, a véritablement un sens et une légitimité. Herder objecte en effet dans le livre VIII des Idées, que chaque culture est une fin autosuffisante et qu'elle doit être appréciée, non point sous l'angle d'une quelconque idée de l'histoire humaine dans son ensemble mais à partir d'elle-même. [...]
[...] Finalement, une culture historique peut-elle aussi nous prémunir des erreurs du passé ? Si Condorcet croit nécessaire un tableau historique des erreurs de l'esprit humain afin de s'en prémunir, Nietzsche, dans la Seconde Considération inactuelle, pense tout autrement. Selon lui, l'essentiel est de savoir dans quelle mesure l'histoire est susceptible de servir la vie. Il estime en effet que nous avons besoin de l'Histoire pour vivre et pour agir, et non point pour nous détourner nonchalamment de la vie et de l'action, ou encore pour enjoliver la vie égoïste et l'action lâche et mauvaise. [...]
[...] En effet, ce que Hegel nomme histoire philosophique est précisément la saisie du sens de l'histoire, c'est-à- dire la façon dont l'Esprit, à travers ses médiations successives, atteint sa vérité en prenant conscience de lui-même. Il lui est donc nécessaire de prendre appui sur les différentes histoires générales mais pour les dépasser et ne les considérer que comme un ensemble de manifestations toujours partielles, incomplètes et abstraites du principe le plus général qui traverse la totalité des événements : l'Esprit du Monde. D'autre part, Hegel ne croit pas que les déchirements causés par les passions des hommes soient le signe du caractère absurde de l'histoire. [...]
[...] Plus personne ne ferait d'enfants, car on ne voudrait pas donner en héritage à nos enfants un tel monde On peut donc penser que l'histoire a un sens, mais on ne peut pas en être certain. Ce n'est que pour notre esprit que l'histoire a un sens. Kant sait très bien qu'on ne peut pas se prononcer, que ce n'est qu'une hypothèse. Le mérite de la finalité est de nous donner un fil directeur pour nous orienter dans ce qui pourrait au premier abord apparaître comme pur chaos. [...]
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