Etude sur le thème de la liberté. Rousseau, dans la préface du Discours, affirme la nécessité de s'interroger d'abord sur la nature de l'homme sauvage, afin d'établir s'il existe véritablement une parenté entre l'inégalité naturelle, avant tout définie comme une inégalité physique, et l'inégalité qu'on peut observer dans la société, qui dépend des conventions humaines
[...] Une telle volonté serait d'ailleurs impossible dans la mesure où la connaissance du bien et du mal implique la réflexion. La pitié subsiste encore chez l'homme social, humanisant une morale qui, sans elle, ne serait qu'une mécanique aveuglément destructrice de l'homme. C'est elle aussi qui se trouve à l'origine de ce que l'homme social a nommé la vertu car il y a peu du désir de suppression de la souffrance au désir de bonheur. La pitié subsiste nécessairement, car en tant que penchant naturel, nul ne peut être tenté de s'y soustraire, comme on désobéirait à une vertu en optant pour un vice. [...]
[...] Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'Origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1ère partie Introduction La première partie du XVIIIème siècle fut marquée par le début des premières expéditions lointaines, réalisées à des fins scientifiques, qui permirent la découverte des peuplades primitives Ces découvertes remirent en question certaines idées selon lesquelles civilisation et société eussent été nécessaires et naturelles à l'homme. Dans ce contexte, en 1754, l'Académie de Dijon propose, dans le cadre d'un concours, la question suivante : Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle question à laquelle Rousseau répond par la publication du Discours en 1755. [...]
[...] Cette inégalité naturelle pourrait également, sur le plan physique, prendre la forme de l'inégalité face aux maladies et aux infirmités liées à l'enfance et à la vieillesse. Mais la nature, chez l'homme, compense la longueur de l'enfance, durant laquelle l'homme est dépendant et faible, par la longueur de l'existence. L'homme n'est donc pas défavorisé par rapport à l'animal sur ce point. Rousseau estime par ailleurs que les maladies sont, pour la majeure partie d'entre elles, l'ouvrage des passions, lesquelles ne se développent qu'à l'état social, rendant ainsi la médecine nécessaire. [...]
[...] L'homme sauvage de Rousseau n'a donc pas de curiosité, ni d'étonnement, ce dernier étant, pour Platon, à l'origine de la philosophie. Il n'a de prévoyance que celle qui est indispensable à la satisfaction de ses besoins immédiats. L'esprit de l'homme sauvage est donc borné. L'homme sauvage n'a ni la tentation, ni les moyens de sortir de son état. En effet, pour que l'homme puisse passer de la simple sensation à la réflexion, il faut que la nécessité l'y conduise et qu'il existe une communication entre les hommes de manière à ce que les connaissances ne périssent pas avec celui qui les a découvertes. [...]
[...] De même, comment trouver dans l'état de nature l'origine des langues, dans la mesure où il faut déjà se parler pour s'entendre sur la signification des paroles ou pour fixer la grammaire, ce qui est impossible sans progrès de la raison ; il existe pourtant un terrain favorable au développement des langues dès lors que l'homme sauvage sait manifester sa douleur ou sa détresse physique par le cri. Le progrès des langues est nécessaire à l'institution de la société, tout comme la société est nécessaire au progrès des langues. La nature n'a donc rien fait pour faciliter l'entrée de l'homme en société et l'homme sauvage n'est pas naturellement sociable. [...]
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