C'est pourquoi il convient de se poser la question : le moi est-il un jardin secret ? ou bien apparaît-il plus ou moins clairement dans nos rapports avec autrui ? voire à travers nos productions ?
[...] C'est le médiateur entre nos désirs, nos pulsions, nos tendances inconscientes, le ça et le surmoi, la conscience morale qui joue le rôle d'un jugement impitoyable, comme le souligne le texte de Kant dans Fondements de la métaphysique des mœurs. Ensuite, pourquoi cette image de jardin ? On peut facilement associer le moi à un jardin car tout comme celui-ci, le moi se cultive : on y ajoute sans cesse de nouveaux éléments, de nouveaux concepts, tout comme on en enlève. [...]
[...] Parfois, nous pouvons parvenir à prendre conscience de ces sentiments, de ces éléments qui nous constituent et nous font tels que nous sommes. Cependant, personne ne connait réellement tout sur lui-même : une part de nous reste mystérieuse, variable, changeante. Celui qui prétend le contraire serait bien vaniteux. Cela vient du fait que notre moi évolue au fil de notre vie, de nos rencontres, de notre vécu. Une personne très ouverte, très épanouie peut soudain se renfermer sur elle-même, ne plus communiquer ou très peu avec autrui, suite à un fort traumatisme. [...]
[...] À première vue, une telle existence est tout à fait viable, et même assez agréable car l'homme a besoin d'un contact, d'une reconnaissance d'autrui, pour sentir qu'il existe. Cependant, il tient à ce que ses désirs, ses pensées, ses sentiments les plus profonds, son moi, restent secrets, méconnus des autres. Il veut garder une part de lui pour lui seul, voire la laisser secrète pour lui-même, n'arrivant pas forcément à la percer à jour. C'est en cela que le moi est un jardin secret. Toutefois, cette affirmation n'est pas totalement vraie. Il faudrait la nuancer. [...]
[...] Finalement, on peut affirmer que le moi, ici retranscrit à travers notre conscience pratique puis à travers nos productions, construit quelque chose de tangible, de visible. Il s'exprime donc, et les autres peuvent le voir : il n'y a donc plus de secret. Le jardin secret lève son voile à travers l'œuvre qui reflète ce que l'on est. Le moi est notre originalité, ce qui fait notre singularité. Or l'homme être original, sortir de la foule, être remarqué. Remarqué tout d'abord physiquement lors d'un premier regard, un premier abord, et par la suite plus particulièrement par ses idées, sa personnalité. [...]
[...] C'est cette partie que les autres perçoivent et c'est donc grâce à elle qu'autrui peut s'imaginer, peut essayer de percevoir quelques points de notre personnalité. On désire donc garder notre moi secret, le plus que cela nous est permis en tout cas, car l'homme aime garder un mystère autour de lui, il aime surprendre les autres, quand il ne se surprend pas lui-même de par la part du moi qu'il ne connait pas. Par ailleurs, on peut considérer le moi comme un jardin secret car on peut le représenter, l'imager par la pudeur qui nous habite, plus ou moins intensément. [...]
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