L'islam et la raison, Averroès, Marc Geoffroy 2000, philosophie médiévale arabe, rhétorique, dogmes du Coran, dialectique, démonstration, quiddité, lumière divine, sensibilité humaine, représentation de dieu, syllogisme, commentaire de texte
Dans ce texte issu de "L'islam et la raison", Averroès répond en trois temps à la question : quelle est la qualification de Dieu la plus pertinente, accessible et fidèle au Coran que le philosophe puisse fournir ? Précisément, comment expliquer à des hommes qui ne conçoivent pas qu'une chose puisse exister sans posséder un corps, qu'il en est pourtant ainsi de leur Dieu ? Et ce, sans aller à l'encontre des dogmes du Coran ou des préceptes de la raison ?
[...] Ainsi, le critère d'existence ou de non-existence des êtres est, pour les hommes de rhétorique, celui-ci : le fait qu'ils soient sensibles ou non. Il fallait donc, puisque Dieu existe, qu'il possède une forme qui soit de l'ordre du sensible ; « et puisque la lumière est le plus éminent des êtres dans l'ordre sensible, il fallait qu'on s'en servît pour représenter le plus éminent de tous les êtres ». Le texte sacré, les attentes de la foule et l'exigence de rationalité du philosophe coïncident parfaitement dans ce syllogisme, et la démonstration à laquelle s'adonne Averroès acquiert un statut proche de l'irréfutabilité. [...]
[...] Une opposition entre les philosophes et la foule Averroès s'exprime en sa qualité de philosophe lorsqu'il invoque le point de vue des « gens de la foule » quant à la nature de Dieu. Ainsi, il fait valoir une opposition entre les philosophes, c'est-à-dire les hommes de démonstration, et les hommes de rhétorique, c'est-à-dire la foule ; c'est cependant cette même opposition qu'il va résorber en tentant de fournir une définition de la nature de Dieu qui sera non seulement fidèle aux textes coraniques, juste d'un point de vue philosophique et compréhensible par les gens de la foule. [...]
[...] L'auteur donc dénonce la mise en doute de l'existence du Créateur provoquée par le fait qu'il est invisible. Mais cette qualification de Dieu comme « Dieu de lumière » invalide cet argument en défaveur de l'existence de ce dernier puisque, considéré ainsi, il est visible en chaque chose et est ce qui rend chaque chose visible. Ainsi, la qualification de Dieu de lumière, auto-attribuée par le Créateur, répond par sa clarté et ses fondements rationnels non seulement aux exigences de la foule, mais aussi à celles du philosophe. [...]
[...] C'est l'association opérée par l'homme de rhétorique entre l'absence de quiddité et l'absence d'essence qui est la cause de cette contradiction. Averroès va donc s'efforcer d'invalider cette contradiction, il va expliciter, en s'appuyant sur la Révélation, l'essence de Dieu tout en lui attribuant une certaine « forme » de quiddité. II. Dieu et la lumière Ainsi, « ce qu'il faut leur répondre, c'est ce que répond la Révélation », et la Révélation répond que Dieu est lumière. L'auteur explique que le Créateur n'est pas lumière au sens strict, mais que l'essence de la lumière est la plus semblable à celle de Dieu ; et cette métaphore est également celle utilisée par le Créateur dans la Révélation pour se définir lui- même : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre ». [...]
[...] Car bien que ces choses continuent à exister dans l'obscurité, elles ne sont plus « en acte » puisque du point de vue de l'homme, elles perdent ainsi leurs qualités sensibles – et nous savons que n'existent aux yeux des gens de la foule que les choses de l'ordre sensible. L'appellation « Dieu de lumière » est donc fondée en raison et en accord avec la parole divine. Pour conclure et achever la validation de sa démonstration, Averroès aborde un dernier point : « les doutes à propos de la vision de Dieu ». Puisqu'en effet, tout comme il est impossible de percevoir isolément la lumière, dans sa forme la plus pure – sous peine d'aveuglement – l'idée d'une vision de Dieu lui-même est insensée puisqu'Il n'a pas de quiddité. [...]
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