Introduction à la philosophie, Schelling, théorie kantienne de la raison, expérience sublime, métaphysique, notion de raison, réalisation morale, nature et liberté, pouvoir d'autoaffirmation raisonnable
Après la période kantienne, une réaction très vive apparaît dans certains milieux artistiques et intellectuels par rapport à la théorie kantienne de la raison. Il est vrai qu'on ne peut connaître les choses en soi, mais Kant n'a-t-il pas montré lui-même dans sa Critique de la faculté de juger qu'il y a des expériences sensibles (celle du sublime) qui rejoignent en quelque manière les exigences les plus hautes de la raison ?
[...] La raison prend toujours distance par rapport aux choses. Il faut au contraire privilégier la dimension immédiate de l'expérience intuitive de l'Absolu. Un penseur comme Schelling a conscience que la raison n'est vraiment complète que si elle parvient à réfléchir cette dimension intuitive qui la précède, sans toutefois l'annuler. Schelling va procéder à une extension de la notion de raison. Il est par exemple le premier grand philosophe à s'être intéressé à la mythologie en tentant de développer une réflexion qui n'impose pas son sens à ce qu'elle réfléchit, mais qui tente au contraire de se laisser nourrir par cette expérience qu'elle réfléchit. [...]
[...] L'être humain est formé de désirs, de motions qui travaillent son appréhension de lui-même et des choses, et il ne pourrait pas être pleinement libre et moral sans que sa "puissance émotionnelle", son intuition, appuie sa détermination et son option. Seule la participation de l'homme à cet élan de créativité, dont le lieu principal est la force émotionnelle de l'homme, son cœur, son pouvoir d'être affecté, lui permet d'affronter la résistance des conditions objectives du monde et de la société (ses propres résistances aussi) par rapport à sa volonté de vivre en sujet libre. Bien entendu, il ne s'agit pas ici de vivre en fonction de nos petites tendances sensibles. [...]
[...] Il s'agit au contraire de plonger dans une certaine nuit de l'identité et de la maîtrise du sens pour s'y laisser ressourcer. Il s'agit de s'exposer à perdre son individualité (où on ne sait plus qui on est) pour retrouver en soi une force de véritable individuation. Le sujet libre est pris entre l'enracinement de sa vie dans des puissances émotionnelles potentialisantes et les aspirations de son âme à l'idéal absolu de la liberté. Cette expérience est de nature religieuse et elle est aussi de nature esthétique. [...]
[...] Kant voulait limiter la science tout en la rendant possible et ouvrir ainsi la perspective d'une expérience métaphysique à partir de la morale. Le sujet métaphysique, la personne, le sens de l'absolu n'est pas perdu puisqu'il advient dans la morale. La raison est sauvée dans la raison pratique. Certains intellectuels vont se mettre à défendre à l'époque un privilège intégral de l'intuition. On a accès à la nature véritable des choses, non par l'entendement qui analyse, qui découpe, qui sépare, non par la raison, mais par l'intuition, par une expérience de type intuitive. [...]
[...] Kant montre que la foi chrétienne doit être comprise à partir de l'exigence de la morale. Le Christ exprime la pureté de l'universel et invite l'homme à tenter de se réaliser dans la pureté de l'acte moral en se séparant de toute détermination naturelle. Schelling s'oppose à cette conception kantienne de la liberté qu'il juge un peu trop tragique. Nature et Liberté ne s'opposent que si on conçoit la Nature à partir de la science physique. Mais, précisément, la Nature peut être comprise comme une force infinie qui excède toutes les formes qui naissent en elle. [...]
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