Introduction à la philosophie, Henri Bergson, intuition philosophique, conscience, habitudes de langage, expérience du moi, vie de l'esprit, évolution créatrice, morale sociale, liberté
Henri BERGSON (1859-1941) a été un penseur dont l'influence fut fondamentale dans la pensée et la sensibilité du premier XXe siècle ; un peu oublié aujourd'hui, il mérite d'être redécouvert si on veut comprendre l'évolution de la pensée dans les années 1920-1930, notamment en ce qui concerne le sentiment de la vie et l'importance de la psychologie dans notre rapport au monde.
[...] retrouver l'intuition (c'est pour cela que Bergson centre son propos sur la durée, car c'est la première expérience que nous faisons, dans notre rapport au monde). partir de l'expérience du moi : car Bergson est convaincu que nous sommes capables d'une liberté réelle [ce qui s'oppose, à cette époque, au modèle déterministe dominant dans les sciences de la nature] Cela pose la question des rapports entre le corps et l'esprit (voir Matière et Mémoire qui s'efforce de réduire la vieille opposition entre idéalisme et réalisme). [...]
[...] Nietzsche, qui proclamait la mort de Dieu). Cette vision se confirme dans le dernier ouvrage de Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion (1932), où Bergson oppose la morale sociale (les obligations déjà-là que nous impose la société) et la morale ouverte (ce à quoi nous aspirons, au-delà de nos obligations sociales). Dans ce cadre, la religion renvoie à la fonction fabulatrice de la conscience, qui crée des mythes (contrairement au rationalisme de l'intelligence, qui tend à l'égoïsme et au calcul). [...]
[...] Rupture avec le positivisme néo-kantien ; écho avec la montée contemporaine des doctrines de Freud et de l'inconscient psychologique (qui pose lui aussi le problème de la conservation du passé dans le moi). Au XXe siècle, Bergson conservera une influence souterraine de très longue durée : un de ses héritiers sera notamment Gilles DELEUZE, qui relira attentivement — dans une perspective moderniste — l'œuvre de Bergson (Le bergsonisme, 1966), alors même que celle-ci a peu à peu quitté l'horizon philosophique sur lequel elle a eu une si grande influence. [...]
[...] Il s'agit donc de revenir à la perception pure du changement (que nos habitudes ont masquée, pour mieux ordonner le réel, et agir sur lui) [sur l'habitude : cf. Maine de Biran] Il faut donc aller contre les habitudes du langage (« voir pour voir, et non pour agir », écrit-il). Le paradoxe tient à ce que retrouver ce qui est immédiat exige un travail et un effort, pour se délivrer de toutes les médiations acquises par la culture et par l'habitude (notamment tout ce qui est dû à la vie sociale). [...]
[...] De même, elle échappe à tout finalisme (qui suppose une orientation des faits : l'idée que les choses convergent vers une fin). Car l'évolution n'est ni déterminée ni orientée, elle est, tout simplement. Pour Bergson, l'espèce humaine, dans sa complexité extrême, est le fruit de cette évolution. L'évolution va donc vers l'individualité. Bergson pose la liberté contre le déterminisme, l'élan vital contre la matière. À bien des égards, par sa vision du progrès, et son optimisme, Bergson a une perspective moderne et humaniste à la fois. [...]
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