Depuis la mort de J. Derrida, R. Girard est le philosophe le plus commenté dans le monde mais sa théorie a jeté, il y a quelques années, un grand trouble dans les milieux universitaires et intellectuels. Et c'est peu dire puisqu'elle prétend remettre en cause la psychanalyse, le structuralisme, le marxisme … et révéler le secret caché de la violence au coeur de toute civilisation. Ainsi, la méditation de René Girard va à contre-courant de l'idéologie dominante contemporaine : l'affirmation de l'absolue innocence de l'homme, de l'autonomie totale des individus, l'assurance que la question du mal et de la violence est en voie de résolution par la bonne gouvernance.
Le philosophe Roberto Calasso dit de lui qu'il est un des derniers « porcs-épics » vivants, reprenant la définition du poète Archiloque « Le renard sait beaucoup de choses, mais le porc-épic ne sait qu'une seule grande chose ». La grande chose qui a été l'objet de toute la méditation de René Girard est la rivalité mimétique et la violence qui en dérive dans l'histoire des hommes. Dans le prolongement de cette critique, nombreux sont ceux qui ont considéré ou considèrent encore que la théorie girardienne est trop systématique et réductrice, ne cherchant dans les événements que sa propre légitimation au risque de tourner en rond et de perdre de sa pertinence (la même critique a pu poindre concernant la théorie de F. Fukuyama concernant la fin de l'histoire ou à l'opposé celle de Huntington sur le choc des civilisations). Il n'en reste pas moins que malgré ces critiques, l'intuition girardienne est devenue centrale pour comprendre les origines des sociétés et envisager leur avenir.
[...] Violence substitutive contre violence dissipatrice des forces sociales. À peu près toutes les tragédies grecques, rappelle Girard, s'achèvent par le sacrifice d'une victime ; l'ordre de la Cité, qui avait été troublé par la crise mimétique, est rétabli par le sacrifice. C'est par la désignation de cette victime, le bouc émissaire, que se refait l'unité du groupe et que la crise est évacuée. Mais, insiste Girard, le plus important est le mode de désignation de la victime. Le groupe qui se livre au lynchage originel doit ignorer que la victime est innocente ; il faut que le groupe la croit coupable, et désignée de manière divine pour que le sacrifice joue le rôle de catharsis (purgation des passions). [...]
[...] Le sacrifice d'une victime émissaire permet d'interrompre la spirale de la violence. - Critique dans un souterrain (1976) - Des choses cachées depuis la fondation du monde (1978) Selon l'auteur, les textes bibliques sont radicalement des textes mythologiques, en ce sens qu'ils prennent systématiquement le parti des victimes émissaires et non des persécuteurs. - Le bouc émissaire (1982) - La route antique des hommes pervers (1985) Exégèse du livre biblique de Job. - Shakespeare, les feux de l'envie (1990) Prix Médicis - Quand ces choses commenceront (1994) - Je vois Satan tomber comme l'éclair (1999) Le terme Satan, que l'on rencontre déjà dans le Livre de Job, signifie l'accusateur public. [...]
[...] Il est alors fasciné par le succès de son rival. Dans cette logique moderne du désir mimétique, les îles peuvent nous apprendre pleines de sagesse que Tancrède suggère au Prince de Salina, dans le film Le Guépard de Visconti sur la Sicile au tournant de son histoire au XIX° siècle : Mon oncle, il faut tout changer pour que rien ne change sagesse qui consent à des changements mineurs pour éviter les grands bouleversements, la destruction qui, comme toujours, relève du mécanisme du désir mimétique. [...]
[...] C'est tout simplement produire de l'innocence. Le crime imputé à Israël a produit partout autour de lui de l'innocence." Il est en effet difficile d'expliquer pourquoi le responsable des massacres de Sabra et Chatila, le responsable de la milice phalangiste Elie Hobeika (qui en fait vengeait le meurtre du président Gemayel et les massacres de Damour) n'a pas été inquiété par la suite ? "Israël est-il le gardien de ses ennemis L'accusation du bouc émissaire doit-elle être éternellement répétée sollicitant ainsi les consciences et les foules pour scander éternellement vengeance? [...]
[...] L'avenir de la culture Laissons parler R. Girard : je pense que les cultures locales, les cultures nationales même ont perdu une bonne partie de leur fécondité. Alors évidemment on parle de l'industrialisation comme cause, etc., et c'est peut-être vrai. Certainement ce qui se passe aujourd'hui dans le domaine de la culture a quelque chose d'inquiétant, dans la mesure où certaines formes de cultures que nous sommes habitués à considérer comme la haute culture, certaines formes littéraires par exemple, donnent l'impression de disparaître. [...]
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