Défendre ses droits n'est pas seulement de l'ordre du discours : c'est engager, par l'intermédiaire d'une action en justice ou d'une protestation, une action concrète, difficile et parfois coûteuse. On imagine mal telle défense sans une motivation à la hauteur de l'énergie qu'elle mobilise ; on imagine encore moins se battre pour un droit dont nous ne ressentons pas la portée. On ne se bat pour préserver un droit que si l'on estime qu'une attaque portée à ce droit nous a lésés : défendre ses droits se confond donc souvent avec la défense de ses intérêts (...)
[...] Dans un état de droit, ce sont tous les membres de la société qui, institués en peuple par le pacte social sont titulaires du pouvoir législatif, celui de faire la loi. Générale par son origine, la loi l'est aussi dans sa portée, puisqu'elle s'adresse à tous de la même façon, dans une impartialité totale, sans considération de l'identité de ceux qui doivent s'y soumettre. Là encore, cette universalité est la condition de la justice : c'est parce que le droit est le même pour tous et s'applique à tous indifféremment qu'il peut être admis dans un état de droit : le contraire rétablirait des rapports de forces semblables dans leur nature à ceux qui régissent l'« état de nature tel que nous l'avons envisagé. [...]
[...] Pour Rousseau, seul le citoyen a son mot à dire dans la société politique : ce sont donc ses intérêts qui seront préservés. En ce sens, le droit ne doit se préoccuper que de l'intérêt général, parce que la société est au service des citoyens. Or le citoyen n'efface jamais totalement l'individu en l'homme : il se peut que l'intérêt particulier resurgisse en chacun. En ce cas, le droit devra défendre l'intérêt général. Ainsi, mes droits peuvent contrevenir à mes aspirations individuelles. [...]
[...] Défendre mes droits va généralement dans le sens de mes intérêts A. Je suis, en tant que citoyen et en tant qu'homme, titulaire de droits subjectifs qui garantissent la préservation de mes intérêts C'est parce que les intérêts des hommes peuvent entrer en conflit, et que donc à tout moment ceux de l'un peuvent être bafoués par les agissements d'un autre, que la société a instauré le droit. En garantissant en effet la liberté de tous, celui-ci permet à chacun d'en jouir sans dommage. [...]
[...] Pour autant, si la justice est utile à chacun, elle doit être respectée en retour. Ainsi, puisque tout citoyen lésé a droit à la justice comme recours, il convient de ne pas oublier que tout droit est assorti d'obligations correspondantes. Nul doute alors que si défendre ses intérêts est un droit, défendre le droit est également un devoir, au service d'un intérêt supérieur, celui de la société et des hommes. [...]
[...] En tant que citoyen, je dois défendre mes droits pour servir l'intérêt général de la communauté A. Il faut distinguer l'individu du citoyen On ne peut résoudre cet apparent paradoxe qu'à la faveur d'une distinction conceptuelle fondamentale : celle de l'intérêt général et de l'intérêt particulier, et par là même, de l'individu et du citoyen. Là encore, c'est Rousseau qui nous livre, dans le livre second du Contrat social, les modalités de cette distinction. Pour lui, un membre d'une société politique est titulaire d'un double statut : celui d'individu et celui de citoyen. [...]
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