Au IVe siècle av. J.-C., est publié le premier recueil de fables ésopiques, qui de par un humour grinçant abordent les sujets sensibles de la société de l'époque. Quelques siècles plus tard, ce même mode humoristique se retrouve sur scène, avec la commedia Dell Arte. Mais c'est surtout au XVIIIe siècle que le mode plaisant ou humoristique se retrouve largement employé, notamment par les philosophes du courant des Lumières. Cependant, il convient de se demander dans quelle mesure le mode plaisant ou humoristique est acceptable pour traiter de sujets sérieux ou graves.
[...] Ainsi, Jonathan Swift en 1729 dans sa Modeste proposition . provoque son lecteur en écrivant une démonstration froide et implacable exposant les avantages de manger les enfants irlandais ; comme le montre par exemple le passage la chair des enfants sera de saison toute l'année Ce texte est un paroxysme d'humour noir, écrit dans le but de faire réagir les lecteurs afin que les Irlandais réalisent à quel point leur misère est inacceptable. Quarante ans plus tard, c'est Voltaire, de par l'article Torture du Dictionnaire philosophique portatif qui emploie à son tour le mode humoristique pour sensibiliser ses lecteurs et les faire réagir face à la torture. [...]
[...] En outre, lorsqu'il s'agit d'apporter un enseignement sérieux aux lecteurs, le mode plaisant ou humoristique s'emploie mal. En effet, la tonalité didactique étant plus appropriée, l'usage de l'ironie ou d'un autre procédé plaisant ou humoristique est inadapté. C'est notamment le cas de l'encyclopédie. D'ailleurs, en 1755, Diderot énonce dans son ouvrage les visées de ce dernier dans un article : Encyclopédie mettant en avant l'objectif largement didactique de l'ouvrage : exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons. [...]
[...] L'intérêt de traiter avec humour des thèmes graves Au IV siècle av. J.-C., est publié le premier recueil de fables ésopiques, qui de par un humour grinçant abordent les sujets sensibles de la société de l'époque. Quelques siècles plus tard, ce même mode humoristique se retrouve sur scène, avec la commedia Dell Arte. Mais c'est surtout au XVIIIe siècle que le mode plaisant ou humoristique se retrouve largement employé, notamment par les philosophes du courant des Lumières. Cependant, il convient de se demander dans quelle mesure le mode plaisant ou humoristique est acceptable pour traiter de sujets sérieux ou graves. [...]
[...] En effet, ce mode fut largement employé par Montesquieu dans De l'esclavage des nègres et De l'esprit des Lois. Cette œuvre de 1748 comprend en effet un objectif réel et un objectif apparent. Ainsi, à première vue Montesquieu semble se livrer à un plaidoyer pour l'esclavage, mais il s'adonne en fait à un réquisitoire contre les esclavagistes. Ce double objectif est rendu possible par l'usage de l'ironie. Comme le prouve par exemple la phrase : Ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre Montesquieu énonce les différents arguments des esclavagistes en mettant en avant leur côté ridicule et irrecevable. [...]
[...] D'une part, l'emploi du mode plaisant ou humoristique dépend du destinataire. En effet, certaines œuvres possèdent une ironie si subtile qu'elle n'est pas forcément perceptible par tous les lecteurs. C'est notamment le cas du texte de Montesquieu De l'esclavage des Nègres extrait de De l'esprit des Lois. En effet, ce passage débute par une phrase sous forme de précaution oratoire si j'avais à soutenir le droit que nous avons de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais ( ligne qui montre implicitement que Montesquieu se soulève contre l'esclavage, ce que peuvent ne pas comprendre certains lecteurs, non réceptifs à ce genre d'expression. [...]
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