De l'intérêt de la philosophie existentiale d'Albert Piette

Thèmes abordés

Philosophie existentiale, Albert Piette, concepts fondamentaux de la métaphysique, anthropologie, Dasein, Heidegger

Résumé du document

À la lumière de la conception heideggérienne issue des Concepts fondamentaux de la métaphysique, l'anthropologie existentiale, en tant que branche alternative de l'anthropologie, vient réviser l'anthropologie traditionnelle. Cette dernière suppose une méthodologie rigoureuse d'observation (1. formulation d'une hypothèse explicative/2. confirmation ou infirmation par l'expérience/3. déduction) qui lui vaut l'appellation de "science" et que Piette, loin de démentir, confirme : son objet "suppose des méthodologies d'observations rigoureuses et une précision conceptuelle".

Extraits

[...] L'homme est configurateur de monde, au sens de Heidegger, en tant qu'il est essentiellement homme c'est-à-dire par le Dasein. Cela étant, le mode fondamental du Dasein est d'être une enveloppe de souciance préoccupée du monde qui pour nous est au contraire de l'animal, ne va pas de soi. Si le mode mineur est redevable à ce Dasein pourvoyeur de notre transcendance immanente qui nous distingue de l'animal (accaparé par son juste ébranlement au diapason de la symphonie environnementale, l'animal est obnubilé tout entier, irrésistiblement et compulsivement, évolue par décodage de signes provoquant des désinhibitions lui faisant changer de séquences comportementales), n'est-il pas purement désengageant en plus de nous permettre un dégagement au sein de l'affairement quotidien ? [...]

[...] Nous faisons avec : « Mode d'être spécifiquement humain résulte de la suspension de cette dissonance cognitive qui vient du fait de créer deux énoncés contradictoires et de penser leur référence possible comme existant dans le monde » d'après Le mode mineur, l'action, la présence. À la différence des animaux, notre monde est à construire et nous ne sommes pas prisonniers de l'immédiateté accaparante de l'environnement. Nous sommes condamnés à porter le fardeau de notre existence. Pourquoi la conscience ? Nous ne pouvons nous résoudre à marcher à quatre pattes alors que nous sommes superbement bipèdes. [...]

[...] Une anthropologie traditionnelle trop loin de l'Homme L'anthropologie traditionnelle a persisté à construire son objet systématiquement et donc en le dénaturant. Classiquement, l'anthropologie se résume à une tentative pour cerner l'homme en tant qu'il est configurateur de monde, c'est-à-dire actif, entreprenant, volontaire, persistant inlassablement dans son être. Elle est passée à côté de son objet et c'est ce manquement que la branche alternative anthropologique qui nous intéresse ici en premier chef pallie. L'homme y est décortiqué à travers sa vulnérabilité, sa turpitude née de l'idée qu'il se sait fini, son inconséquence constitutive. [...]

[...] formulation d'une hypothèse explicative confirmation ou infirmation par l'expérience déduction) qui lui vaut l'appellation de « science » et que Piette, loin de démentir, confirme: son objet « suppose des méthodologies d'observations rigoureuses et une précision conceptuelle ». du mode mineur.) Anthropologie existentiale verse à la fois dans le scientifique et le philosophique. Peut-il en être autrement si elle assume vraiment le qualificatif d'« existentiale » à savoir la dimension proprement ontologique du Dasein ? L'Inspiration heideggérienne de Piette n'est pas dissimulée. Dès lors, serait-ce impertinent de suggérer que l'anthropologie existentiale est paradoxale, sinon contradictoire de par l'abâtardissement d'une discipline éminemment spéculative de champs et de moyens de recherches scientifiques considérés jusqu'alors comme incompatibles ? [...]

[...] Le mode mineur, dégagement de l'homme hors Dasein, en une sphère d'absence plus familière ? Heidegger pourrait reprocher à Piette de trop se soucier de la configuration manifestée de l'homme en tant qu'étant au détriment d'un mode fondamental du Dasein. Mais c'est bien, comme le dit Heidegger, le Dasein qui est configurateur de monde et qui conditionne donc ce qui se donne à nous comme manifeste, ainsi que l'imperceptible qui se dérobe. Si nous devons nous efforcer de nous donner une contenance, si nous devons faire un effort afin de provoquer cet arrachement de soi à soi afin de nous sentir délibérément en relation avec le monde phénoménal, c'est que nous sommes caractérisés essentiellement par notre part devers-nous, par notre quotidienneté qui n'est pas conditionnement. [...]