« Si les intellectuels, dans leur masse, haïssent le football, c'est évidemment parce que ce dernier incarne le sport populaire par excellence » débute Jean-Claude Michéa dans son analyse qui, s'appuyant sur le texte d'Eduardo Galeano : Le football, ombre et lumière montre que le football éclaire, en lui-même, les rapports de classe et les modes de vie populaires. En effet, la plupart des sports fondamentaux ont été inventé au XIXè siècle par l'aristocratie anglaise, mais le football est celui que la simplicité des moyens nécessaires à son exercice, prédisposait le plus à sa confiscation par les classes populaires.
Opposant l'aficionado, amateur du beau geste gratuit, au supporter, véritable acteur du système économique libéral, Jean-Claude Michéa défend l'amour d'un sport aujourd'hui menacé par l'extension infinie de la logique économique libérale. L'intellectuel peut être vu comme celui qui se caractérise par son intervention sur le terrain du politique en cela qu'il met en débat les affaires de la société ; il fait partie des élites et a souvent un discours moralisateur sur les pratiques populaires.
Le sport est un phénomène sociologique qui a une grande emprise sur la société. Quant au football, il s'est imposé comme un sport de référence notamment à la suite du mondial de 1998 et ses répercussions sur la société.
On peut se demander comment le football s'est imposé à la société et pourquoi les avis sur le sujet sont si partagés.
L'explication peut venir du fait du destin particulier d'un sport comme les autres (I) et de sa remise en cause en tant que pratique culturelle (II).
[...] A côté des cercles de lectures, groupes de théâtre, chorales et autres harmonies, le football joue un rôle central. Naissent ainsi les premiers clubs ouvriers dont les noms représentent parfois à eux seuls tout un programme politique. Par exemple en Argentine, où parmi les immigrés italiens et espagnols, on retrouve bon nombre d'anarchistes. Comme le rappelle l'intellectuel et écrivain uruguayen Eduardo Galeano, le club Argentinos Juniors s'appela à sa naissance club Martyrs de Chicago, en hommage aux ouvriers anarchistes pendus un premier mai. [...]
[...] De plus, le 12 juillet 1998, le football a pris une dimension encore plus grande en France. En effet, à la différence de la politique, discréditée dans l'opinion publique par les affaires de corruption, tous les sondages placent les sportifs aux sommets de l'admiration collective. Zinedine Zidane (dont le montant du transfert au Real de Madrid équivaut à 6000 ans d'un salaire de 7000 francs par mois) et David Douillet, le judoka, ont, selon les enquêtes d'opinion menées à l'automne 2001, déclassé l'Abbé Pierre dans le cœur des français. [...]
[...] Pourquoi faut-il lire Galeano ? Parce que, nous dit Jean-Claude Michéa, son livre est éblouissant, mêlant joyeusement érudition universitaire et exagération poétique, et où le défilé des dribbles, des parades et des buts se transforme à tout moment en une méditation chaleureuse et profonde sur la condition humaine. [...]
[...] Les intellectuels, le peuple et le ballon rond écrit par Jean-Claude Michéa est un superbe hommage à celui d'Eduardo Galeano : Football, ombre et lumière. C'est aussi, comme dit l'auteur une tentative de compréhension intelligente de l'univers du football de la culture populaire qui lui est associée Pour beaucoup d'intellectuels, ce sport se réduit souvent à quelques lamentables dérives : la mort subite de Marc Vivien Foé, les violences des hooligans dans les stades, les magouilles des dirigeants, ou le transfert, pour quelques dizaines de milliers d'euros de David Beckam au Real de Madrid. [...]
[...] Mais ce type de spectateur est plutôt rare dans les stades selon Jean- Claude Michéa. Pourtant, il lui faut ajouter une petite précision, les aficionados se retrouvent plus dans les compétitions locales où les enjeux marchands sont moindres. En effet, comme le montre l'exemple des deux Mondiaux 1998 et 2002, en 1998, les inscriptions dans les clubs sportifs de football n'ont jamais été aussi élevées qu'après la victoire de l'équipe de France ; tandis qu'en 2002, la défaite de celle-ci a été vécue comme une défaite de tous les Français et les critiques ont été acerbes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture