L'évaluation sera collective, ou ne sera pas... Dans ses principes, sa démarche, ses ambitions, l'évaluation est une construction qui suppose, à chacun de ses stades, l'intervention d'une pluralité d'acteurs constitués, plus ou moins formellement, en autant de groupes : pas d'expertise sans pluridisciplinarité, pas de contradiction sans dialogue, pas d'indépendance sans collégialité.
[...] Loin d'être neutre, une telle expérience produit, chez tous les acteurs qui y participent, un puissant mouvement de recomposition des savoirs. Si la décision politique demeure, en dernière analyse, autonome par rapport à l'expertise, il reste que ce travail d'élucidation débouche sur une énonciation des orientations et des mesures qui paraissent s'imposer aux décideurs publics pour améliorer l'efficacité et la qualité de leur action. La reconnaissance de ce prolongement opérationnel est la condition même pour que l'évaluation, processus de connaissance, s'accompagne d'un processus de changement. [...]
[...] Mais, si les objectifs et les lignes directrices de l'évaluation sont globalement fixés, le travail d'élucidation, de formulation, d'analyse des problèmes ne fait que commencer, notamment parce que la complexité des politiques évaluées, l'ambiguïté de leurs objectifs imposent une telle démarche : ne faut-il pas recenser et expliciter les différentes acceptions de la notion d'accueil, pour éclairer les démarches que les services publics mettent ou non en œuvre à l'attention de leurs publics? Quelle est la portée effective de l'objectif d'amélioration des relations entre l'administration et les usagers assigné à la politique informatique? Quels sont les objectifs de l'action sociale? [...]
[...] L'intimité de membres de l'instance avec certains des aspects de la politique évaluée comporte le risque de faire peser sur l'évaluation l'influence des attaches professionnelles ou corporatives. On constate toutefois, dans la pratique, que ces risques sont facilement évités : la collégialité de l'instance, le caractère ouvert de ses débats, son identification forte avec une démarche d'évaluation, la fondent comme un lieu de confrontation des points de vue qui porte plus à la remise en cause qu'à la confortation des positions acquises. [...]
[...] Elle est aussi un lieu de reformulation des modes traditionnels d'analyse de la réalité publique. CONCLUSION Qu'elle ait pour ambition d'améliorer le pilotage de l'action publique ou d'enrichir la connaissance qu'ont les citoyens de cette action, qu'elle soit managériale ou démocratique, l'évaluation repose dans tous les cas sur une construction collective dont l'instance constitue le pivot essentiel. De son statut et de son mode de fonctionnement, l'instance d'évaluation tire sa force et son indépendance. Elle est le lieu d'élaboration et de formulation véritable de l'évaluation. [...]
[...] C'est dans le cadre de ces orientations générales que l'instance doit préciser la méthodologie de l'évaluation, établir son cahier des charges et définir les moyens d'enquête nécessaires. Elle choisit les cabinets, les consultants ou les équipes de chercheurs auxquels seront confiées les études; elle procède à leurs auditions et en assure la sélection définitive. Elle dirige et coordonne les travaux des chargés d'évaluation, consultants externes ou corps d'inspection, reçoit les rapports intermédiaires qu'ils établissent et en discute les conclusions. Ces fonctions vont bien au-delà des missions habituellement dévolues à un simple comité de pilotage : non seulement l'instance dirige et coordonne les travaux des différentes équipes chargées de l'évaluation, mais elle en assure l'intégration. [...]
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