Alfred Capus a dit : « Tout s'explique, rien ne se justifie ». Aussi catégorique qu'elle soit, cette citation a le mérite de poser clairement le problème de l'injustifiable. Au sens courant, on le définit comme ce que l'on ne saurait justifier, l'indéfendable, l'insoutenable. On peut le rapprocher de la souffrance et de la faute impardonnable –autrement dit, du mal. Alors, existe-t-il un mal qui ne saurait être justifié ou est-ce qu'au contraire, l'homme peut trouver des justifications au mal ?
[...] Le passage au Nouveau Testament semble résoudre le problème du pharisaïsme mais cela ne résout pas le problème de la justification par rapport aux hommes. De plus, les actes ne comptent pas Il est vrai la justice est d'abord intérieure –comme c'est le cas chez des philosophes grecs comme Platon ou chez des penseurs comme Kant chez qui la bonne volonté ne réside pas dans le simple respect de la lettre c'est-à-dire dans la conformité extérieure de la loi- toute attitude est-elle pour autant justifiable ? [...]
[...] On retrouve cette idée dans la notion de destin. Or, pour E.BORNE, le destin est certes la justice, mais la justice inexorable. Le destin relève de l'équité ; et c'est sans soute là, nous le verrons, que réside l'injustifiable. Le propre de l'angoisse du mal est de ne pas savoir, et la sagesse consiste justement dans le passage de l'ignorance au savoir. La philosophie se veut explication et absolution de l'injustifiable par la prise en compte d'une totalité, d'une nécessité et d'une beauté. [...]
[...] Il en est de même pour le péché originel, faute commise par Adam, qui annonçait la venue du Christ qui a finalement donné aux hommes un statut bien supérieur à celui du Paradis Terrestre. Enfin, la foi chrétienne reprend aussi la Beauté : la notion de gloire de Dieu donne une part esthétique à l'univers chrétien. Plus précisément, rappelons que la justification de l'Ancien Testament s'obtient par l'observance des lois. Une insuffisance déjà évoquée réapparaît ici : c'est le risque de pharisaïsme. En effet, le croyant pense que l'application littérale et aveugle de la loi suffira à le justifier devant Dieu. [...]
[...] Le discours idéaliste se trompe sur la pensée et une douleur ou une faute pensée n'est nullement dépassée, il existe des maux absolus, des malheurs injustifiables. Il en distingue trois sortes : le mal non médiatisable le mal introduisant une brisure à l'intérieur même du bien et la mort. Le premier se résume en quelques mots : lorsqu'il a été commis, jamais les choses ne pourront être remises exactement en place ; et ce même si des excuses ou des réparations sont faites. [...]
[...] Alors, on peut tenter de trouver une justification du mal injustifiable que subit l'homme en se référant à une transcendance, un ordre naturel ou divin, qui non seulement l'explique mais aussi le rend juste en le considérant comme un bien pour le Tout. Mais le problème demeure car la question de la justification dans le monde des hommes et pour les hommes n'est pas réglée. Cela nous éclaire en fait sur la vraie nature du problème : c'est le refus de l'équité et de l'effectivité qui aboutit à l'injustifiable. Une résolution du problème du mal passe alors par le refus de la seule transcendance. [...]
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