« C'est pas juste ! » Cette phrase, tout le monde l'a déjà entendue et tout le monde l'a déjà prononcée et ce, dès le plus jeune âge. En effet, l'injustice est souvent criante, chacun de nous l'a ressentie à un moment ou à un autre de son existence, et l'on a tendance à prendre conscience de l'existence de la justice une fois que l'on a fait l'expérience de l'injustice, c'est-à-dire qu'on se sent d'abord lésé avant de se rendre compte qu'il existe une valeur déterminant ce qui est juste ou injuste. La justice est un concept abstrait, général et objectif, alors que l'injustice est un concept subjectif, relatif à une situation particulière, qui entraîne l'indignation, l'émotion voire même parfois le scandale. C. Perelman, dans Justice et Raison définit l'injustice, « un principe d'action selon lequel tous les êtres d'une même catégorie essentielle sont traités de la même façon ». La justice est donc bien une affaire humaine. Cette valeur universellement admise qui se réalise par et à travers le droit repose, comme l'affirme Aristote, sur un double principe : celui de l'égalité et celui de l'équité. C'est pourquoi la question « Pourquoi l'injustice mobilise-t-elle plus les hommes que la justice ? » peut être étudiée selon différents points de vue.
[...] L'injustice n'est alors pas la même et les hommes ne se mobilisent pas pour les mêmes raisons. Sous cet angle, les hommes sont déjà supposés inégaux. Il s'agit d'hommes cette fois en tant qu'individus faisant partie d'une collectivité. Ce qui est général ne peut être juste, c'est l'exemple de la punition collective. La répartition égalitaire n'est donc pas nécessairement la plus juste, et les hommes se mobilisent contre l'injustice. La question ici est de savoir pourquoi les hommes combattent plus l'injustice que la justice, dite distributive. [...]
[...] Nous étudierons dans un premier temps le fait que l'injustice mobilise plus les hommes que la justice dans son sens large. Mais comme ile st question de savoir ce que les hommes veulent exactement quand ils veulent la justice, objet de controverses, nous étudierons ensuite la question posée suivant les différents sens de la justice, selon qu'on la définisse même loi pour tous ou équité Si nous prenons la justice dans son sens large, sans critère de différenciation, degré ou nuance, la question Pourquoi l'injustice mobilise-t-elle plus les hommes que la justice ? [...]
[...] La justice, instaurant un droit d'égalité entre les hommes au départ est donc bien ce qui vaut pour tous. Nous les hommes, sommes partiaux dans nos jugements. Nous n'éprouvons pas forcément ce sentiment d'injustice pour nous-mêmes. Nous sommes souvent scandalisés par une injustice qui ne nous touche pas. L'antisémitisme nous révolte autant que l'apartheid, même si on est d'une autre religion ou d'une autre race. Car la justice est une vertu tournée vers autrui, et dans bien des cas, autrui, c'est nous aussi. [...]
[...] Les motivations de ces luttes partent toutes d'une injustice ou d'une inégalité, et le combat mené a le même but : établir ou rétablir un équilibre, c'est-à-dire établir ou rétablir la justice. Ce qui nous amène à dire que se mobiliser contre l'injustice, c'est finalement se mobiliser pour la justice. Car si l'injustice mobilise les hommes, c'est parce que les hommes veulent rétablir la justice. Combattre l'injustice est un mouvement du cœur, et l'injustice qui fait scandale peut conduire à se battre pour la justice. Il reste ensuite à déterminer ce que l'homme recherche vraiment quand il veut la justice, qui peut prendre plusieurs sens. [...]
[...] Au terme de cette étude, il apparaît clairement que selon le sens que prend la justice, les hommes se mobilisent tout autant contre l'injustice mais pour des raisons différentes. A la question Pourquoi l'injustice mobilise- t-elle plus les hommes que la justice ? nous pouvons désormais répondre que comme se mobiliser contre l'injustice c'est se mobiliser pour la justice quelle qu'elle soit, c'est par crainte ou intérêt que les hommes se mobilisent, qu'ils combattent l'injustice, au nom de la justice. [...]
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