Injustice, fatalité, Platon, conscience métaphysique, destin, chose publique, imperméabilité de l'être, immoralité, humanité, philosophie morale, éthique, Aristote, guerre juste, croisades, Spinoza, existentialisme, Jean-Paul Sartre, Protagoras
"Le plus grand mal, à part l'injustice, serait que l'auteur de l'injustice ne paie pas la peine de sa faute". Ainsi écrit Platon dans le Gorgias, lui qui, dans La République, avait déjà dévolu un ouvrage à la question de la justice. Le fait est que, naturalisé, le problème de la justice devient un problème universel. En posant l'interrogation sous l'angle de l'essence, Platon détermine peu à peu les critères consubstantiels de la justice, mais ne parvient pas à dégager la naturalité de cette dernière.
[...] Mais cette appropriation de la pleine faculté éthique de l'homme n'est pas sans échapper au destin qui, selon cette conception, serait par-delà la volonté de l'homme lui-même, le surplomberait. Cette notion de destin, selon les philosophies, peut prendre plusieurs figures, plusieurs aspects en fonction des temps. La plus commune est bien sûr la représentation du destin sous les traits de Dieu. Dieu, dans ce modèle, est un être déterminant et déterminé. Il est assimilable à ce destin causal dont les relations conséquentielles de la logique et de la nature sont issues. [...]
[...] Que peut-on déduire de cette interrogation ? Premièrement, que l'injustice, si elle se révèle une fatalité sous un certain angle, n'enlève en rien la capacité de l'homme d'exprimer sa stricte liberté ; qu'il est toujours, même, selon Sartre, condamné, à l'exercer afin de se sauver, de s'échapper de son propre enfer d'être asservi par la liberté, par le choix nécessaire. C'est également le cas dans la conception mystique chrétienne que les discours augustiniens déploient : l'injustice, c'est-à-dire le péché, est peut-être une fatalité de l'homme, mais le rachat des péchés et le pardon de Dieu sont également une fatalité dès lors que le pécheur veut bien provoquer cette fatalité. [...]
[...] C'est par la cité qu'est en effet exemplifiée un salut face à l'injustice et qui permet de rendre corps à ce qui lui survit au-delà de la naturalisation de son fait, soit la justice. Autrement dit, l'homme est toujours, doit toujours prendre cas du phénomène de l'injustice pour se penser comme un être que l'il doit irrémédiablement sauver. [...]
[...] Il ne peut pas, en définitive, ne pas faire de choix. Et face à la fatalité de l'injustice, l'homme peut faire un choix : celui de la justice, celui qui lui permettra de rendre éthique sa condition d'être soumis aux exigences de la liberté sans choix autre que celui d'être libre. La conscience métaphysique du destin Mais la conscience métaphysique du destin dans laquelle se porterait cette notion d'injustice n'est pas absente du raisonnement qu'ont pu en faire des philosophes antiques. [...]
[...] Qu'est-ce qu'une fatalité ? Le concept de fatalité induit une prescience authentique, une réelle permissivité de l'avenir ; qu'il puisse être lu dans le temps présent. Cette notion de fatalité est ainsi au cœur de systèmes religieux et métaphysiques qui abondent dans le sens d'une puissance supérieure qui définit, par l'imperméabilité de l'être, un continuum rationnel et intangible qui couvre la marche des temps. Aussi, prise ainsi, la fatalité est en quelque sorte la résultante du destin : le destin est un phénomène neutre, tandis que la fatalité est soutenue d'une charge axiologique qui renvoie à la nature mauvaise d'un événement à venir, une assignation négative. [...]
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