De l’initiative individuelle à l’agentivité collective

Résumé du document

Les gens sont en partie les produits de leurs environnements, mais en sélectionnant, créant et transformant leurs conditions environnementales, ils produisent également ces environnements. La théorie de l'agentivité telle qu'elle se conçoit majoritairement donne au sujet la capacité d'influencer le cours des événements

Extraits

[...] Les convictions partagées par les gens quant à leur pouvoir collectif de produire les résultats souhaités sont un élément clé de l'agentivité collective. Les acquis d'un groupe sont le produit non seulement des connaissances et des compétences partagées de ses différents membres, mais également de la dynamique interactive, coordonnée et synergique de leurs (trans)actions. L'efficacité de l'agentivité collective Il existe deux approches principales pour évaluer l'efficacité perçue d'un groupe. La première méthode regroupe les évaluations des membres individuels sur leurs capacités personnelles à exécuter les fonctions particulières qu'ils remplissent dans le groupe. [...]

[...] Dans la théorie cognitivo-sociale de la causalité réciproque triadique (Bandura 1997), l'agentivité personnelle et la structure sociale fonctionnent de manière interdépendante. Une compréhension complète de l'adaptation et du changement humain nécessite une structure causale intégrative dans laquelle les influences socio-structurales agissent sur le sujet et pour le sujet, et à travers lui afin de produire des effets comportementaux désirés par lui. Cependant, dans les (trans)actions agentiques, le système autonome n'est pas simplement un canal d'influences externes. Le moi est socialement constitué mais, en exerçant sa propre influence, le libre arbitre humain opère de manière générative et proactive sur les systèmes sociaux, pas seulement de manière réactive. [...]

[...] Elle favorise une vie commune plutôt qu'elle ne l'érode. En effet, un sens élevé d'efficacité favorise une orientation prosocial caractérisée par la coopération, la serviabilité et le partage. Une autre variante de ce dualisme associe à tort l'efficacité personnelle à l'individualisme et l'oppose au collectivisme au niveau culturel. En fait, une efficacité perçue élevée est vitale pour un fonctionnement réussi, que cela soit réalisé individuellement ou par des membres du groupe travaillant ensemble. Un système collectif avec des membres en proie à des doutes sur leurs capacités à jouer leur rôle produira peu de résultats. [...]

[...] En somme, un jugement d'efficacité individuelle incarne inévitablement la dynamique de groupe coordonnée et interactive. Inversement, pour juger de l'efficacité de leur équipe, les membres s'intéressent certainement à la capacité des membres clés de leur équipe à s'acquitter de leurs rôles. Les membres d'un groupe jugeraient leur efficacité collective, et donc leur agentivité, très différemment avec ou sans le leader admis de ce groupe. Compte tenu de la nature interdépendante du processus d'évaluation, lier l'efficacité mesurée au niveau individuel à la performance au niveau du groupe ne représente pas nécessairement une relation transversale. [...]

[...] Les systèmes socioculturels individualistes et collectivistes se présentent sous différentes formes. De plus, il existe une hétérogénéité substantielle dans la communauté entre les individus de différents systèmes culturels, et une variation inter-subjective encore plus grande entre différents types de relations sociales. Conclusion Des progrès importants ont été réalisés dans la compréhension de la nature, de la structure et des fonctions de l'efficacité collective perçue. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour évaluer les différentes manières de mesurer l'efficacité collective, d'affiner les procédures analytiques permettant d'identifier les propriétés émergentes découlant de la dynamique sociale de systèmes entiers, et d'élaborer des stratégies orientées vers la société pour améliorer l'agentivité collective et façonner l'avenir social. [...]