Homme, inhumanité, humanité, Dieu, barbarie, violence, Freud, Malaise dans la civilisation, toute-puissance, civilisation, expiation, purification, Auschwitz, psychanalyse, rivalité, dominance, méfiance, Spinoza, valeur de la vie, sacrifice, profit, sécurité, réputation, nature de l'homme, état de nature, théorie du bouc émissaire, Nietzsche
Après l'horreur de la Première Guerre mondiale, nous aurions pu croire que l'homme dévasté par ses horreurs aurait pris le soin de ne pas perpétrer de telles horreurs et pourtant la Seconde Guerre mondiale a bien eu lieu et pire encore que la première. Cette violence, cette propension à tuer son prochain que l'on pourrait qualifier d'inhumaine, n'en réfère à Auschwitz qui interroge la barbarie de l'homme, est-elle inhérente à l'homme ou la résultante de quelques barbares ? Qu'en est-il de cette part de violence en l'homme ? De cette capacité à s'exterminer les uns les autres dans une volonté de toute-puissance et à sacrifier un être innocent ?
[...] Pour Lehmann cet évènement représente le « franchissement des interdits fondateurs de l'humanité ». Il interroge les « traces produites par les entreprises systématiques de déshumanisation, entreprises vouant des millions d'humains à faire partie de la catégorie homo sacer qui, selon la loi romaine, pouvait être tuée en toute impunité. Traces ineffaçables, sinon par combustion, des corps tatoués de celles et ceux qui étaient enregistrés comme non humains, destinés à être rayés de la carte des ayants droit à vivre, quelles empreintes laissent-elles malgré tout subsister ? [...]
[...] Le rapport de domination entre les hommes eux-mêmes donne lieu à bien des conflits. Porte précise que c'est de la rencontre entre libido et pulsion de mort dans l'organisme qu'« en dériverait une partie en pulsion de destruction, pulsion d'emprise et volonté de puissance c'est là le sadisme proprement dit ». Nous pouvons évoquer l'idée que si nombre d'actes qui se voudraient meurtriers ou violents ne sont pas concrétisés, ce n'est pas tant par culpabilité que par la peur de l'autre. [...]
[...] L'Autre différent fait peur comme s'il pouvait nous contaminer alors on préfère l'exterminer. Nietzsche souligne que la guerre forme le psychisme des peuples et qu'elle permet ainsi à l'esprit et à la civilisation de progresser. Sur le champ de bataille, les camps se fondent sur une haine impersonnelle partagée, un « sang-froid dans le meurtre uni à une bonne conscience [ . ] les ruisseaux et les torrents qui se font jour alors [ . ] remettent ensuite en mouvement, dans des circonstances favorables, les rouages de l'atelier de l'esprit, qui se reprennent à tourner avec une force nouvelle. [...]
[...] Du simple fait que l'objet appartienne à l'Autre, je le veux mien. Je veux être l'Autre en possédant ce qui est sien. En découlent des rivalités mimétiques, des fascinations haineuses qui mettent la paix en danger. Cette polarisation de la violence peut enflammer toute une communauté qui se rassemble contre un individu unique. Cette victime aura pour fonction de décharger la violence de tous les autres et de les apaiser. Cette dernière qui aura eu le statut de responsable de la crise sera également celle par qui la paix sera retrouvée. [...]
[...] Enfouir ne signifie pas faire disparaitre, cette pulsion reste donc latente et est susceptible de revenir avec force. Si l'on considère le parricide originaire, le fait que le meurtre du père de la horde est à l'origine de la communauté, rien d'étonnant à la place de la violence dans nos sociétés qui se sont construites sur le meurtre. Fondé sur l'interdit de l'inceste et donc des pulsions sexuelles et de l'interdit du meurtre, la civilisation s'expose au retour du refoulé. Par ailleurs, la volonté de domination et de toute-puissance de l'homme met en danger la paix. [...]
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