« Je m'en tiens à dégager mon Moi des alluvions qu'y rejette sans cesse le fleuve immonde des Barbares », écrit Maurice Barrès, qui définit la barbarie : « chacun, hors moi, est un barbare ». Cette approche du « Moi » semble bien correspondre à celle de l'individu moderne tel que le présente Hannah Arendt : « the modern individual with its desire to unfold, to develop, and to expand, with its fear lest the society get the better of its originality ».
L'individu, le Moi, défini sommairement comme l'irréductible, ce qui ne peut être exprimé par autre chose que soi-même est ce à partir de quoi l'on distingue ce qui est « soi » de ce qui est « l'autre ». Être aliéné, c'est alors vivre par l'autre, par ce qui n'est pas moi (alienus = appartenir à un autre). L'individu, en s'affirmant, en rejetant ce qui ne relève pas de lui, s'émancipe. Dans ce cadre, la question de savoir si l'individualisme est aliénant est absurde.
Or, si le sujet est mal posé, il est certain que le désir d'émancipation qui caractérise l'individualisme moderne ne pourra aboutir qu'à une aliénation plus grande. Dès lors, la question qu'il faut se poser est : qui l'individualisme émancipe-t-il ?
[...] ( L'émancipation que propose l'individualisme est donc celle de l'individu en général. La reconnaissance de l'autre comme semblable ne conduit pas à un repli sur soi dès lors que l'individu a conscience de ceci, que ce qui compte en lui est précisément ce qui se trouve aussi chez l'autre semblable - et non pas ce qui l'en différencie. L'émancipation de l'individu n'est possible que si, au lieu de se définir par opposition aux Barbares il reconnaît que les Barbares n'existent pas. [...]
[...] L'individualisme est-il aliénant ? Je m'en tiens à dégager mon Moi des alluvions qu'y rejette sans cesse le fleuve immonde des Barbares écrit Maurice Barrès, qui définit la barbarie : chacun, hors moi, est un barbare Cette approche du Moi semble bien correspondre à celle de l'individu moderne tel que le présente Hannah Arendt : the modern individual with its desire to unfold, to develop, and to expand, with its fear lest the society get the better of its originality L'individu, le Moi, défini sommairement comme l'irréductible, ce qui ne peut être exprimé par autre chose que soi-même, est ce à partir de quoi l'on distingue ce qui est soi de ce qui est l'autre Être aliéné, c'est alors vivre par l'autre, par ce qui n'est pas moi (alienus = appartenir à un autre). [...]
[...] et surtout pas l'individu empirique. Ce dernier n'a qu'une existence seconde, dérivée. Qu'on l'érige en principe, et on aboutira à l'individualiste de Tocqueville, à l'individu séparé, ignorant de ses semblables. Mais si l'on nie son existence et son importance, on aboutit alors à un régime totalitaire. Nos démocraties actuelles naviguent entre ces deux écueils que sont la dissociété d'une part, l'hypersociété d'autre part. Elles veulent dire avec Whitman : One's-self I sing, a simple separate person, Yet utter the word Democratic, the word En-Masse. [...]
[...] Il donne pleine valeur à ce qu'il est ; les autres ne valent pas plus que lui. Dès lors, l'autre n'a pas d'intérêt. L'individu se replie sur soi-même mais il ne peut se croire lui-même, puisque seul il ne peut rien savoir. Conséquence : le règne de la masse. Processus par lequel en fin de compte il n'est pas selon T. de pays où règne en général moins d'indépendance d'esprit et de véritable liberté de discussion qu'en Amérique ( L'individu moderne : ignorant des autres, mais défini par eux. [...]
[...] Hannah ARENDT, Freedom and Politics. Alexis de TOCQUEVILLE, De la démocratie en Amérique. Pierre MANENT, Cours familiers de philosophie politique, Devenir individu Pierre MANENT, Histoire intellectuelle du libéralisme, Montesquieu et la séparation des pouvoirs Claude ROY, Nous, Elio Vittorini Emile DURKHEIM, L'individualisme et les intellectuels Pierre MANENT, Cours familiers de philosophie politique, L'Empire de la morale Max STIRNER, L'Unique et sa Propriété, Les Possédés Opus citato. Paul CLAUDEL, Tête d'Or. Paul CLAUDEL, L'Otage. G.K. CHESTERTON, Orthodoxy. Jacques GENEREUX, La Dissociété. [...]
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