Dissertation comparative :Dans le cours L'être humain, la dissertation comparative discute d'une question philosophique en s'appuyant sur la comparaison de deux conceptions philosophiques de l'être humain.Les deux conceptions de l'être humain, ou plutôt réflexions sur la situation de l'homme moderne, qui seront comparées sont celles de Charles Taylor et d'Allan Bloom (dans les extraits choisis), sur la question suivante : « L'individualisme qui caractérise notre époque est-il un signe de dégénérescence (recul, déclin) ou d'émancipation (avancée, progrès, libération) de l'humanité? »
[...] Tous les courants d'émancipation et l'individualisme sont en train d'atteindre leur apogée. Les possibilités qui s'offrent à l'homme moderne n'ont jamais été aussi nombreuses, et pourtant subsiste un malaise diffus, sur lequel la plupart des individus n'arrivent pas à mettre de mots. Comme souvent, c'est le rôle des philosophes de se pencher sur la question et de se demander pourquoi, et comment nous en sommes arrivés à ce stade. Dans cette optique, les analyses des deux philosophes Alan Bloom et Charles Taylor peuvent apporter une aide non négligeable, en partie parce que les deux auteurs défendent des visions presque diamétralement opposées. [...]
[...] L'authenticité est une forme de relativisme. Dans une société individualisée, la personne va chercher à se construire une identité. Il s'agit en quelque sorte d'un idéal moral. Là encore, Taylor et Bloom ne sont pas fondamentalement en désaccord. La nuance réside en réalité dans le jugement qu'ils y apportent. Comme nous l'avons vu précédemment, beaucoup de ce que Taylor considère comme positif, ou du mois potentiellement positif, Moore le considère comme un signe du délitement culturel de l'époque. En réalité, la principale différence entre ces deux auteurs réside curieusement dans la confiance qu'ils accordent à l'individu. [...]
[...] A partir de ce constat, juger moralement un individu d'une autre culture à travers le prisme de sa propre culture est un non sens et n'a pas lieu d'être. Taylor et Bloom rejettent tous deux cette vision, le second avec certes plus de virulence que le premier. Le principal reproche fait par les deux philosophes à cette doctrine est qu'elle détruit toute forme de morale, enlevant ainsi aux individus leur responsabilité. Or, une société amorale n'est souhaitable pour personne. L'un des autres dangers, comme le souligne Taylor dans son ouvrage Le Malaise de la Modernité, est la potentielle émergence d'une autre morale, une morale parallèle, qui pourrait prendre le contrôle sur la société. [...]
[...] Cependant, le multiculturalisme n'est guère qu'un symptôme, il n'est ni le problème, ni la solution des questionnements sur la place de l'homme moderne et de la morale. Parfois, dans les périodes de troubles philosophiques, il est bon de se pencher à nouveau sur les piliers de la pensée occidentale. Ainsi, Socrate fut l'un des premiers à condamner l'égoïsme. Il ne fait aucun doute que Bloom s'inspire de sa pensée, mais ne serait-il pas plus judicieux de ne pas la teinter de traditionalisme passéiste ? [...]
[...] Il en découle que lorsque Charles Taylor propose d'embrasser le multiculturalisme afin de lutter contre l'individualisation effrénée, leurs visions deviennent irréconciliables. "Nous avons besoin de nous percevoir nous-mêmes comme faisant partie d'une ordre plus vaste auquel il faut nous soumettre", écrit-il dans son essai Multiculturalisme. Dès lors, plutôt que de fantasmer sur la restauration d'une grandeur culturelle passée comme pourrait le faire Bloom, Taylor s'érige en apôtre d'un relativisme détourné, dont l'objectif est de remédier à l'absence grandissante de repères en utilisant comme point d'ancrage ce que l'individualisation de la société a entrainé. [...]
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