Dire, selon le sens commun, c'est l'action d'unifier différentes pensées sensées afin de créer à partir d'elles une pensée unique, ayant en substance une idée également sensée. En effet nos discours ne renvoient pas aux choses, mais à nos idées qu'ils expriment à travers nos sens. Par exemple, faire une phrase, c'est élaborer un discours unique à partir des différents éléments constitutifs de cette phrase, qui doivent eux-mêmes être compris pour rendre le discours au final compréhensible. Ce qu'on dit, c'est donc l'expression d'une pensée unique constituée de pensées multiples comprises, et donc explicables.
Ainsi l'indicible, ce que l'on ne peut dire, serait une unicité, une pensée ne pouvant être analysée en ce qu'elle ne serait alors pas composée d'une multiplicité d'autres pensées. Mais en même temps l'indicible est une pensée multiple, en ce que justement elle est non compréhensible, étant par définition non exprimable comme idée par un discours. Cela est étrange, car l'indicible est à la fois un et multiple.
[...] Ainsi l'indicible, ce que l'on ne peut dire, serait une unicité, une pensée ne pouvant être analysée en ce qu'elle ne serait alors pas composée d'une multiplicité d'autres pensées. Mais en même temps l'indicible est une pensée multiple, en ce que justement elle est non compréhensible, étant par définition non exprimable comme idée par un discours. Cela est étrange, car l'indicible est à la fois un et multiple. Nous allons dans un premier temps tenter de dégager ce qu'est réellement cette notion d'indicible pour la pensée. [...]
[...] Sous quelles conditions quelque chose d'indicible peut-il donc, de fait, être ? Si l'indicible est en réalité une non-pensée, il faut se demander ce que c'est que ne pas avoir de pensée. Premièrement, on peut penser que dans le cas de l'indicible il n'y a donc pas en réalité de pensée, d'idée, mais pour le dire avec Hegel simplement une pensée à l'état de fermentation, état dans lequel cette pensée n'a pas encore trouvé comment être dite. Si tel est le cas, il est alors évident qu'elle ne peut pas être justement dite, n'étant de fait pas encore tout à fait une pensée. [...]
[...] Toute émotion artistique devient alors impossible dans de tels discours, mais cela est nécessaire pour pouvoir établir dans la durée ce que l'émotion ne réalise que dans une multitude d'instants intemporels : la liaison entre fini et infini, qui redonne sens à la vie suite à la prise de conscience de soi et de l'absurde. Bibliographie Platon, Parménide, traduit et annoté par Joseph Moreau (in Platon, Œuvres complètes, II, Paris Gallimard). Jean Wahl, Études sur le Parménide de Platon, Paris Vrin (1951). G.W.F Hegel, L'esthétique, Paris Flammarion. [...]
[...] Donc penser de façon totalement réflexive ce qui est infini, c'est penser sa pensée uniquement : il n'y a alors plus de doutes possibles dans cette pensée, car le sujet et l'objet sont identiques, et justement le doute ne pouvait que s'introduire par le fait que le sujet et l'objet étaient différents. Pour le dire avec Parménide, il s'agit de la voie de la Certitude, qui est elle-même identique à la voie de la Vérité, la pensée étant alors adéquate au réel dans son infinitude. Mais si cette pensée totalement réflexive est indicible, comment expliquer que Parménide ait tout de même parlé, comment l'associer à la voie de la nécessité ? Comment peut-on alors rendre compte de l'existence de l'indicible ? [...]
[...] Son discours provoque l'émotion artistique qui est l'expression de l'être infini. La vérité reste donc voilée derrière le discours qui n'est que symbole du silence, car ne pouvant par définition rendre raison du concept d'indicible en lui-même. Le discours signale ce silence, le fonde, donc son sens lui est externe et il ne fait qu'indiquer la vérité contenue dans le silence de l'intuition. Donc le sens de l'indicible repose en ce qu'il est la vérité, déterminée par l'opposition au discours qui est donc pour sa part nécessaire, car pour dire la vérité il est nécessaire de se taire, et pour dire que l'on se tait, il faut parler. [...]
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