"Les indécis n'ont pas leur place dans ma banque". Cette affirmation péremptoire de Michel David-Weill, ancien président de la banque d'affaires Lazard, reflète bien la mise à l'index dont souffrent les personnes jugées indécises, indécision qui est alors considérée comme une marque de faiblesse.
A contrario, le philosophe Alain Finkielkraut a fait l'éloge, l'an dernier, au cours d'une émission de "divertissement" des personnes indécises qui "prennent le temps de la réflexion et s'autorisent à ne pas se décider dans l'immédiat sur telles ou telles questions."
Dès lors, stigmatisée par certain comme la figure de l'impuissance, valorisée par d'autre pour leur souci de réflexion, la figure de l'indécis, c'est-à-dire de celui qui "ne sait pas se décider", apparaît avant tout comme une figure ambivalente. Cette ambivalence est liée à la conception que l'on se fait des raisons de son indécision: provient-elle d'une volonté délibérée ou d'une absence de volonté, d'une incapacité à se décider ?
[...] Dès lors, nous pouvons nous interroger des enjeux cachés d'une telle désignation. Tout d'abord, lorsque l'on qualifie une personne "d'indécise" on se réfère avant tout aux apparences qui se dégagent : on aura tendance à considérer comme résolue une personne qui répond à brûle-pourpoint à une question, avec un air d'assurance certain, alors que celui-ci doute peut être lui même de la réponse à cette question : en ce sens, Michel David- Weill ne veut peut être pas tant des indécis dans sa banque que des personnes qui semblent indécises. [...]
[...] L'indécis "Les indécis n'ont pas leur place dans ma banque". Cette affirmation péremptoire de Michel David-Weill, ancien président de la banque d'affaire Lazard, reflète bien la mise à l'index dont souffrent les personnes jugées indécises, indécision qui est alors considérée comme une marque de faiblesse. A contrario, le philosophe Alain Finkielkraut a fait l'éloge, l'an dernier, au cours d'une émission de "divertissement" des personnes indécises qui "prennent le temps de la réflexion et s'autorisent à ne pas se décider dans l'immédiat sur telles ou telles questions." Dès lors, stigmatisée par certain comme la figure de l'impuissance, valorisée par d'autre pour leur souci de réflexion, la figure de l'indécis, c'est-à-dire de celui qui "ne sait pas se décider", apparaît avant tout comme une figure ambivalente. [...]
[...] L'indécis est donc celui qui cherche à se libérer de tous les facteurs extérieurs qui forcent et biaisent son jugement. Ainsi, tel est le cas de l'individu qui remet en question les différents dogmes religieux et éprouve, de fait, une indécision quant à l'existence de Dieu : il ne se s'attache plus "aux crampons" dont les autres hommes "ne veulent pas qu'on touche parce qu'ils s'y tiennent", selon les propos de Nietzche, mais au contraire remet en cause l'origine de ces "crampons". [...]
[...] Ce refus de faire un choix peut se comprendre comme un refus d'engager sa responsabilité. En effet, tous choix, fût-il uniquement théorique, impliquent la responsabilité de la personne. Cette responsabilisation est, du reste, de plus en plus marquée dans nos sociétés individualistes: on recherchera par exemple la décision qui a engendré une situation donnée pour désigner un responsable. Ainsi, on considère par exemple que le réchauffement planétaire est dû aux décisions des hommes politiques de ne pas mener de politiques environnementales efficaces et aux citoyens de choisir un mode de vie couteux en énergie. [...]
[...] Ainsi, la faculté de choisir sans contrainte apparaît comme la manifestation de notre liberté qui est caractéristique de notre condition humaine. Descartes considère en effet que l'autonomie de notre volonté se manifeste par ce qu'il nomme la liberté d'indifférence, c'est-à-dire la faculté de faire un choix alors que rien ne nous pousse particulièrement à opter pour une solution plutôt qu'une autre. Expérience que nous avons tous expérimentée pour, en définitive, opter en faveur de l'une des options ,fût-elle choisie au hasard, car le choix de procéder à un choix aléatoire est en soi même un choix. [...]
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