Inconscient, conscience, Freud, moi, surmoi, raison, Leibniz, Sartre, pulsion, Alain, Maurice Merleau-Ponty, psychanalyse
Dans l'expérience quotidienne de notre vécu, une présence diffuse se fait sentir. Elle se manifeste à notre conscience, mais celle-ci ne trouve pas à la définir avec précision. Qu'on la nomme « inconscient » ou que l'on se refuse à la nommer expressément, cette présence affecte à la fois notre corps et notre pensée. Cette présence, c'est elle qui s'agite dans nos désirs irrépressibles ; c'est elle aussi qui implose dans nos émotions trop vives ; et c'est elle qui jaillit dans nos pulsions insoupçonnées ; et c'est elle qui s'immisce dans nos propos incohérents ; c'est elle enfin qui cultive nos paysages oniriques. Ces phénomènes d'occurrences et de natures diverses ont tous en commun de ne pas être pleinement circonscrits par la conscience.
[...] L'inconscient remet-il en cause la souveraineté de la conscience ? Depuis les travaux psychanalytiques de Sigmund Freud, la question de la souveraineté de la conscience n'a jamais été autant discutée, et avec elle celle de son identification au sujet. Que certaines choses échappent à la vigilance et à l'attention du sujet cela ne fait aucun doute. Mais que celles-ci déterminent essentiellement, voire primordialement, l'identité du sujet, cela porte plus sûrement à controverse. L'acte manqué, le lapsus, l'expérience hypnotique, ou encore celle du rêve, sont autant de manifestations qui peuvent être rapportées à des processus inconscients du sujet. [...]
[...] Dès lors, on tient bien là en effet un alibi des plus solides à notre mauvaise foi. N'importe quel individu peut ainsi mettre au compte d'une censure psychique momentanément déficiente tous ses actes les plus abjectes. C'est bien la place même que l'on accorde à l'inconscient dans un potentiel appareil psychique qui se trouve être le pendant de la question du libre-arbitre. Là, ce n'est plus tant la problématique d'un rapport hiérarchique entre conscience et inconscient qui interroge, mais le contenu même de la substance inconsciente. Pulsions, désirs et émotions semblent ainsi constituer l'essentialité de l'inconscient. [...]
[...] Toujours au voisinage de dispositifs inconscients, qu'ils soient de l'ordre de la pulsion, du désir, du sensible, en général ou de la vision en particulier comme chez Merleau-Ponty, il nous faut relativiser la volonté d'un savoir absolu, entériner le modeste statut de la condition humaine. Mais tout cela ne doit pas constituer une fuite de nos responsabilités. Si le savoir est d'obédience subjective, alors il nous en rend encore plus responsables. Trop de phénomènes inconscients se manifestent à nous pour être complètement ignorés. Plus encore, il existe suffisamment d'articulations et de corrélations entre eux pour que puisse être émise l'hypothèse d'un substrat, psychique ou autre, qui en régit la logique. [...]
[...] Les deux modèles de Freud, à savoir la topique du préconscient, de la censure et de l'inconscient, et la topique du Ça, du Moi et du Surmoi, donnent de plus en plus d'importance à la place de l'inconscient dans l'appareil psychique. L'inconscient devient cette matière première de l'être à son environnement, et dont la conscience n'a qu'un faible aperçu. Conscience, inconscient et identité de l'être Les conclusions d'une telle édification de l'inconscient chez Freud laissent entendre que la conscience n'est qu'une infime partie de l'être. Partie la plus visible, certes, mais qui ne saurait prétendre résumer à elle seule l'identité du sujet. [...]
[...] Chez lui, ce qui échappe à la conscience participe déjà de la conscience. Les stimuli sensibles dont la pluralité et la complexité ne se laissent pas immédiatement voir procèdent d'une appréhension consciente plus globale du monde vécu. Leibniz aimait prendre l'exemple de la mer et de ses phénomènes de ressacs. Chaque mouvement de vague correspond ainsi à un bruit unique et singulier, mais ce n'est que dans leurs assemblages que nous les percevons. L'inconscient ne renvoie pas ici au caractère purement biologique de l'être, à son animalité dirions-nous. [...]
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