L'homme, parce qu'il est conscient, semble capable non seulement de penser mais aussi de savoir qu'il pense. Il peut ainsi se représenter le monde extérieur mais également se représenter lui-même. En ce sens, la conscience fait que l'homme est transparent à lui-même, il sait ce qui se passe dans son âme et connaît ses pensées. Pourtant certaines de nos pensées semblent parfois nous échapper comme si nous n'en maîtrisions pas toujours la provenance ni le sens. Dès lors, devrait-on en déduire qu'il existerait chez nous une certaine forme d'inconscient et que nous pourrions être sujets à des pensées inconscientes ? Or ceci ne contredirait-il pas la définition même de la pensée, laquelle se pose comme consciente d'elle-même ? Se pourrait-il que nous pensions sans savoir ce que nous pensons ? Le problème qui se pose est donc de savoir si une forme de pensée inconsciente est concevable : si nous pensons sans le savoir, d'où viendraient alors ces pensées inconscientes et que vaudraient-elles ? (...)
[...] En réalité, elle fait semblant de ne pas voir la séduction à l'oeuvre dans le comportement de son soupirant. Dès lors, il s'ensuit qu'il n'y a plus d'inconscient et que même la névrose suppose une conscience suffisamment claire pour refuser ce qu'elle refoule. La maladie n'est ainsi, pour Sartre, qu'une manière de se maintenir également dans la mauvaise foi. Par conséquent, il n'y a pas, selon Sartre, d'inconscient psychique. Ce qui est contradictoire, c'est donc l'être humain lui-même, car sa liberté fait qu'il peut toujours être ce qu'il n'est pas et ne pas être ce qu'il est. [...]
[...] La notion d'inconscient n'a donc pas de sens pour Descartes, et encore moins l'idée d'un inconscient qui serait "psychique", puisque ce que je ne sais pas c'est tout simplement ce que j'ignore ou bien encore ce qui relève de l'erreur. Et, si je me trompe, je n'ai certes pas conscience de me tromper, mais j'ai toujours la conscience qui accompagne ma pensée erronée: si, par exemple, je pense que la tour est carrée, je n'ai certes pas conscience qu'elle est ronde, mais j'ai conscience de la penser comme carrée. Il n'y a donc pas, de ce point de vue, de pensée qui puisse être inconsciente. Enfin, si toute pensée est consciente, l'inconscient ne peut qu'être physique et non psychique. [...]
[...] Alain ira plus loin en affirmant que l'inconscient est réductible au simple "instinct" animal, auquel l'homme n'échappe pas et qui le détermine certes, mais qui ne lui ôte pas sa responsabilité de sujet conscient: "Il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je". Il s'ensuit que s'il existe bel et bien un inconscient, celui-ci ne peut provenir que du corps, puisque, dans tous les cas, l'idée d'un inconscient qui serait psychique est inconcevable dans la mesure ou la pensée, même imparfaite et déformée, reste, par définition, toujours consciente d'elle-même. Or la réalité paraît parfois nous mettre en présence de pensées que notre conscience semble incapable de saisir. L'hypothèse d'un inconscient psychique semble nécessaire. Tout d'abord, le psychisme serait plus inconscient que conscient. [...]
[...] Qui plus est, bien que la mauvaise foi démontre que parfois nous savons bien ce que nous affirmons ne pas savoir, il n'en demeure pas moins que, seule, l'hypothèse d'un inconscient psychique permet d'éclairer ce que parfois la conscience refoule au point de l'oublier, et qui n'apparaît plus que dans certains souvenirs (réminiscences) que le corps se charge alors d'exprimer. [...]
[...] Or pour que l'inconscient psychique nous apparaisse, il faut bien que ce que la morale censure ne le soit pas tout à fait! Ainsi la jalousie de la patiente de Freud n'est pas complètement refoulés puisqu'elle se manifeste dans un rêve. C'est donc bien que l'inconscient arrive, malgré la censure, à s'exprimer et à signifier ce que précisément la censure morale veut masquer complètement. C'est pourquoi Freud "décompose" le psychisme humain et des "instances", qui opèrent chacune de façon autonome par rapport aux autres: ce que l'une "pense", l'autre ne veut pas le savoir et il y a donc la possibilité d'un mensonge à soi-même, d'un refus de se connaître. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture