La morale est une faculté de discerner le bien du mal, et donc de faire un choix entre les deux. Pour réaliser ce choix, le sujet se doit d'être conscient, libre de penser et non déterminé. Freud a évoqué l'existence d'une force, d'un déterminisme psychique chez chaque homme, qui agit contre notre conscience morale. Il est possible de faire appel à l'inconscient pour justifier une action qui se trouve être contraire à l'exigence morale comme un meurtre, un viol. Mais, comment prouver qu'il s'agit bien de l'inconscient qui a guidé un homme à commettre un acte jugé « immoral » ? De plus, qu'en est-il de la morale si on justifie chaque acte par cette force qu'on ne contrôle pas (...)
[...] Or, invoquer l'inconscient signifie qu'on ne maîtrisait pas nos pensées. On peut donc se demander, si l'inconscient existe, quelle preuve avons-nous que toutes nos pensées ne sont pas le fruit de notre inconscient ? Les fondements mêmes de la morale n'existent plus avec la notion d'inconscient car on observe une contradiction entre la morale, qui est le fruit de la rationalité humaine et la dimension pulsionnelle de l'inconscient. La morale étant le fruit de l'homme, elle serait alors également le fruit de nos pulsions. [...]
[...] L'homme en appelle donc à l'inconscient, mais c'est finalement lui-même qui choisit de céder à certains traumatismes et donc contredire les exigences morales. L'homme en lui-même serait donc immoral. Par ailleurs, la notion d'inconscient selon Freud peut également être considérée comme une faute morale. En effet, comme le pensait Alain, le recours à l'inconscient nous déresponsabilise, on excuse nos actions avec par exemple l'expression : C'est plus fort que moi Le problème qui est posé est alors de nature politique et moral. [...]
[...] On peut donc se questionner sur la nature de l'inconscient, l'inconscient existe-t-il réellement ? On peut donc objecter à cette thèse que l'existence d'un inconscient est un erreur théorique puisqu'il est absurde de dire qu'il existe des pensées auxquelles on ne pense pas (toute pensée nécessite un sujet qui la pense). Le déterminisme psychique auquel Freud fait référence pose de plus un problème moral conséquent : toute conscience morale implique une liberté de pensée. Si certaines de nos actions sont déterminées, sommes-nous réellement libres ou n'est-ce qu'une illusion ? [...]
[...] Il serait donc possible d'invoquer l'inconscient sans ruiner la morale, justifier un acte qui a été commis par l'inconscient. Cependant, le premier problème qui se pose concerne la nature de l'inconscient. En effet, le refoulement qui s'opère se produit indépendamment de la conscience et le sujet n'est pas au courant de ce qu'il se produit dans son inconscient. Comment peut-il donc affirmer avec certitude que c'est lui qui l'a guidé ? De plus, on peut objecter sur la nature de l'inconscient. [...]
[...] Cependant, faire appel à une force qui nous gouverne est à la fois une erreur théorique puisque l'ensemble des pensées nécessitent un sujet qui les pense, mais surtout une faute morale puisque l'homme ne serait alors responsable de rien grâce à l'excuse de l'inconscient. On ne pourrait donc condamner personne, et c'est là un problème politique qui se poserait. Enfin, l'existence même de l'inconscient freudien ruinerait la morale puisque celle-ci provient de l'invention humaine, elle serait donc basée sur la rationalité de l'homme mais également ses pulsions, ce qui est contradictoire. On peut donc se demander si l'inconscient psychique est immoral ? [...]
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