Niant l'existence de l'inconscient au nom de la foi qu'elles accordent à la conscience humaine, certaines personnes affirment que si l'homme se caractérise par sa conscience et son aptitude à « savoir » et à se « connaître », l'inconscient ne peut renvoyer qu'à l'animal, à l'instinct, et non pas à l'homme (...)
[...] L'homme ne pouvant être homme en étant totalement inconscient, il lui est impossible de se dérober indéfiniment devant la lucidité puisque celle-ci demeure toujours présente quelque part en lui, justifiant d'ailleurs l'existence d'une question telle que l'alibi de l'inconscience. C'est la connaissance lucide de soi-même qui permet à l'homme d'être pleinement ce qu'il est et de mettre fin à la contradiction où nous entraîne toute fuite de la réalité. Vouloir innocenter l'homme à tout prix par l'invocation de l'inconscient reviendrait ainsi à lui interdire toute possibilité de prendre pleinement conscience de ses actes et donc à l'empêcher d'accéder à son autonomie et à sa liberté. [...]
[...] Dans le domaine juridique de la criminologie, il existe une distinction fondamentale entre le meurtre prémédité répondant à une intention, et le meurtre dû à une perte de conscience momentanée. Cette dernière, plus couramment appelée démence, constitue une forme d'inconscience que le législateur est alors en droit de retenir comme excuse, non pas en tant que circonstance atténuante d'un acte répréhensible, mais en tant qu'élément plaçant l'individu en dehors de la sphère de la responsabilité, échappant au système de valeurs morales collectif, et explicable par l'inconscient. [...]
[...] Par ailleurs, dans certains cas, la faute peut comporter une certaine forme de fatalité. Ainsi, dans un roman de John Steinbeck, Mice and (1937), Lennie Small est un ouvrier saisonnier, simple d'esprit (à cause d'une maladie infantile) et doté d'une carrure imposante ainsi que d'une force extraordinaire. En raison de son goût prononcé pour toutes les choses douces qu'il se sent obligé de toucher immédiatement, il en vient à tuer divers animaux mais également la femme de son patron, dont il voulait seulement caresser les cheveux. [...]
[...] Comme nous le savons, la conscience psychologique constitue, selon Lalande, l'intuition qu'a l'esprit de ses états et de ses actes Il s'agit ainsi essentiellement d'une activité, dont les produits sont les états de conscience, qui dictent à chacun une conduite. On comprend par là que le sens commun puisse lui associer une valeur morale et considère l'inconscience comme une faute. Selon cette logique, l'homme conscient se sent alors responsable de ce qu'il fait. Or, pour se trouver face à une situation nécessitant la justification de son inconscience, il faut nécessairement s'être préalablement trouvé confronté à une question morale et donc, pour cela, avoir eu conscience de soi-même ainsi que de ses actes et de leurs possibles conséquences. [...]
[...] Constitué de contenus refoulés qui se voient dans l'incapacité d'accéder à la conscience en raison de la censure, l'inconscient ne peut s'exprimer que par des biais détournés, non reconnaissables, et dont nous n'avons pas pleinement conscience. Ainsi, l'homme n'est plus le maître dans sa propre maison et le comportement anormal d'une personne sous le coup de l'inconscience semble devoir être expliqué et déterminé par une structure pathologique de la personnalité. Cela reviendrait en somme à adhérer à la théorie d'Alain selon laquelle, dans ses Eléments de philosophie (1941), si l'on justifiait nos actions par un monstre caché en nous, nous ne serions plus responsables de nos actions, par le fait même que nous ne les aurions pas décidées. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture