Novalis est sans doute l'auteur qui s'inscrit le plus en marge par rapport à d'autres tels que Leopardi, Senancour ou Keats de par son côté mystique extrêmement développé. Cet inachèvement se voit tout particulièrement à travers l'œuvre intitulée Henri d'Ofterdingen, interrompue par la mort de Novalis et qui devait être la première d'une série de sept romans constituant une Encyclopédie. L'inachèvement se retrouve au sein des œuvres de Novalis comme étant affilié à la thématique et à la recherche d'un espace, d'une religion sans fin, sans limites, universelle et atemporelle. L'œuvre de Novalis est placée sous le signe de cette quête d'un idéal, d'un Age d'Or, d'une religion transcendantale. le souffle qui porte Novalis à aspirer à l'infini est aussi celui qui lui permettra d'en faire un poète prophète, mystique et voyant.
Que visent l'inachèvement et l'aspiration à l'infini chez Novalis ?
Pour répondre à cette question nous commencerons par définir la quête de l'idéal omniprésente à travers l'œuvre de Novalis puis nous verrons qu'il s'agit ou non d'une quête inachevée. Nous terminerons par voir en quoi l'inachèvement et l'aspiration à l'infini poussent Novalis à en faire un poète voyant.
[...] La rencontre avec Mathilde est intemporelle, c'est comme si je te connaissais depuis des temps immémoriaux Cette citation nous montre par là même comment l'amour chez Novalis est sublimé, il transcende le temps. Il devient même éternel. Chez Novalis ce sont l'instant et l'espace qui se dilatent. Leurs limites disparaissent. 3L'espace est du temps solidifié, le temps de l'espace ruisselant variable Le monde de Novalis est un monde métaphorique où se côtoient merveilleux et quasi-surnaturel. Novalis ne se heurte ni à la frontière temporelle ni à celle spatiale. Ainsi sa volonté tend à divulguer s religion sur la terre entière. Son rêve est pleinement infini. Il vise quasiment un panthéisme. [...]
[...] Et si la mort est le signe de l'achèvement de la vie, au sens physique, Novalis transcende cette fin physique, il la sublime. La mort est chez Novalis signe de rédemption et de résurrection. Ainsi les Hymnes à la nuit deviennent chez Novalis des hymnes à la mort qui ne la célèbrent pas mais la surmontent. La mort est dotée avec le poète d'un côté positif, magique, et nostalgique. Le titre même de l'un de ses poèmes : Désir de la Mort ou Hymne 6 en est bien le signe. [...]
[...] Avec l'âme étant le souffle de la vie, on retrouve bien l'idée d'aspiration dans cette expression âme du monde Novalis cherche à allier la religion et la connaissance, sans limites. À travers sa quête de l'âme du monde c'est sa quête personnelle qui est aussi en jeu. En effet, la philosophie de Novalis se résume dans l'excitation du moi réel par le moi idéal. Et pour Novalis : ce moi supérieur est à l'homme ce que l'homme est à la nature ou le sage à l'enfant (Fragments). [...]
[...] La visée rimbaldienne est celle du dérèglement de tous les sens et du poète voyant »(lettre à Paul Démeny mai 1971 : dis qu'il faut être voyant, se faire voyant( ) le poète se fait voyant pour un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens Chez Novalis, on peut bien dire que ces approches sont déjà esquissées à travers sa poésie mystique qui nous transporte dans un au-delà aérien, magique e atemporel. L'espace d'une lecture et Novalis nous suspend à son ciel mystique. L'œuvre inachevée que nous a laissée Novalis vise, bien paradoxalement quelque chose d'achevé, de fini, de parfait : l'Age d'Or. La quête du poète tend vers cette aspiration à l'idéal et à l'infini dans la mesure où il vise un quasi panthéisme et une religion qui transcenderait toutes les autres. [...]
[...] Pour lui le poète plane au-dessus de toute chose [ ] ainsi donc il devient Dieu et parfait image de la nature Et chez Novalis, on retrouve bien aussi cette superposition, cette mise sur le même plan de l'homme et de Dieu. Cela se voit bien dans les Chants 3 et 4 où s'opère une quasi- assimilation du Christ et de Sophie. Cette assimilation devient presque ici chez Novalis surnaturelle et cosmique. ;La quête tend à aller toujours plus vers l'infini, vers ce qui nous élève au-deçà de la Terre vers le Ciel et vers le monde invisible. Science et poésie sont indéniablement liées chez Novalis comme il voulait que le soit la connaissance et la religion. [...]
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