Dans quelle mesure le travail de la psychanalyse et de la déconstruction entendu comme tel, nous met-il en face de l'impossible, d'un impossible humain ? Où et comment rencontrons-nous l'impossible lorsque nous nous mettons à l'ouvrage dans un travail psychanalytique et de déconstruction ?
[...] Conclusion La psychanalyse et la déconstruction rencontrent bien toutes deux, dans leur praxis, l'impossible pour l'homme et l'impossible en l'homme. En ce sens, toutes deux renvoient à notre finitude, et permettent d'en faire l'expérience. Impossibilité de tout savoir d'abord, quand demeure en nous, en-deçà de notre sphère consciente qu'une doxa positiviste considère comme seule existante, un domaine de l'inconscient, de l'insu, qui n'en finit pas d'agir sur nous et d'agir avec nous. C'est, en herméneutique, le domaine des préjugés, des opinions que nous avons reçus en notre créance par notre culture et notre éducation, et qui, sans travail de déconstruction, continuent à orienter notre pensée et notre jugement sans que nous nous en rendions compte. [...]
[...] Heidegger est celui qui a peut être formulé cette disposition humaine avec le plus de rigueur. Dans l'analytique du Dasein, qu'il développe dans Etre et Temps, analyse qui l'amène à décrire et explorer phénoménologiquement l'être de cet étant-là qu'est l'homme et qu'il nomme le Dasein, la compréhension est élevé au rang d'existential du Dasein. C'est dire qu'il en va de notre être, d'être dans une ouverture telle au monde que les choses qui y sont se dévoilent à nous et que nous les accueillons. [...]
[...] Ces représentations que j'avais des choses, de la justice, de l'ordre normal des choses, du bien, du bonheur même, voilà qu'elles chancellent et ne résistent pas à l'épreuve de la déconstruction qui en fait apparaître les origines, historiques, sociales, culturelles, etc . Nous propose-t-elle à la place, dans notre doute, un savoir positif ? Offre-t-elle, la déconstruction, des images de remplacement aux idoles qu'elle a abattues ? Non : elle nous laisse dans l'abîme, dans l'incertain, seuls face aux choses, dans l'impossibilité immédiate de savoir absolument. La difficulté, dans le cas de la psychanalyse comme dans celui de la déconstruction, est que nous vivons à une époque et dans une culture qui véhiculent comme idéal la connaissance absolue de tout. [...]
[...] Ce qui se joue dans ces séances, comme épreuve humaine, est pour nous, et à la suite de Moss, l'essentiel de la psychanalyse, et par delà toute querelle de mots, de concepts, de théories, de définition de l'essence, ce sont ces faits, ces pratiques, auxquelles il convient de porter prioritairement attention. En ce qui concerne la déconstruction, là encore nous aimerions, loin des querelles complexes de spécialiste, revenir à quelque chose de très simple, de simple parce qu'originel : la première occurrence du mot, et donc de l'idée de la déconstruction, dans la phénoménologie heideggérienne. [...]
[...] Mais cette lutte est sans cesse recommencée, cette liberté sans cesse à reconquérir, soit qu'est décidément trop dominant le poids de l'inconscient et la puissance des croyances, soit que les pouvoirs institutionnels de ce monde, politiques, éducatifs, médiatiques, industriels, contribuent par leur dogmatique, à nous maintenir dans les « on dit », les préjugés communs, et les vaines croyances. [...]
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