Traditionnellement, et depuis la Grèce Antique, l'impatience est naturellement perçue comme un défaut, ce qui la discrédite immédiatement en tant que vertu, ces deux termes étant définis de manière antinomique dans leur rapport au Bien. Quel paradoxe l'énoncé du sujet, qui cherche clairement à surprendre dans son apparente contradiction, nous invite-t-il alors à soulever et à éventuellement dépasser ? Plus que de constater les banales situations où l'impatience peut se révéler payante, nous chercherons à faire émerger dans le concept d'impatience un élément de vertu inattendu. Nous constaterons alors qu'il est assez aisé de donner à l'impatience des interprétations théoriques fort diverses, souvent contradictoires, qui peuvent même l'assimiler à la patience dans certaines de ses modalités…
[...] S'il est réalisé à la hâte, il ne sera pas achevé ni productif. Donc l'impatient, qui voudrait déjà en avoir fini avec le doute, pour passer au stade supérieur, à l'étape suivante, se représente le moment où le doute sera achevé, puisqu'il est impatient d'être déjà à ce moment. Or, le processus de doute qu'il s'apprête à précipiter pour le finaliser au plus vite comprend dans sa définition même, donc nécessairement dans la représentation que l'impatient s'en fait, la nécessité d'être fait tranquillement et méthodiquement. [...]
[...] Je peux être impatient mais cependant agir patiemment en me faisant violence, l'impatience sera tout autant un symbole de mes désirs et de l'humain en moi. Ainsi, elle n'est pas en cela une vertu, qui se veut habitude dans l'acte, et non simple abstraction en pensée. L'impatience comme bien en soi, ou au contraire comme négation du bien humain nous semble donc hors de portée dans cette discussion métaphysique. Pour enfin arriver à discerner la portée vertueuse de l'impatience, je propose ici de repenser la vertu en de nouveaux termes. Pour Aristote, la vertu s'identifie à la mesure. [...]
[...] L'impatience peut-elle être une vertu ? Traditionnellement, et depuis la Grèce Antique, l'impatience est naturellement perçue comme un défaut, ce qui la discrédite immédiatement en tant que vertu, ces deux termes étant définis de manière antinomique dans leur rapport au Bien. Quel paradoxe l'énoncé du sujet, qui cherche clairement à surprendre dans son apparente contradiction, nous invite-t-il alors à soulever et à éventuellement dépasser ? Plus que de constater les banales situations où l'impatience peut se révéler payante, nous chercherons à faire émerger dans le concept d'impatience un élément de vertu inattendu. [...]
[...] L'impatience serait-elle alors exclusivement une habitude négative ? En apparence, dans sa définition et sa compréhension première, il semblerait que oui. Toutefois, certains indices nous permettent de penser qu'une certaine métaphysique de l'impatience permettrait de dépasser les diatribes communes contre l'impatience, héritières d'une longue tradition philosophique. Nous nous somme rendu compte que la considération de l'impatience dans ses conséquences en acte aboutissait à une dialectique aporétique. Le terme est totalement ambivalent et ne permet donc pas de trancher définitivement, car on a l'impression d'étudier une série de cas particuliers aboutissant à des constats totalement différents et parfois incohérents. [...]
[...] L'impatience est la confrontation du caractère fini de l'existence humaine, et du caractère infini de son désir. Ne pouvant synthétiser ces deux éléments, il est aveuglé par un appétit décuplé qui se projette dans le temps et cherche à vivre plus, mieux, plus vite, plus de choses. Or, réaliser plus de désirs en précipitant l'action n'est jamais totalement satisfaisant. Au contraire, on touche ici à un nouveau paradoxe de l'impatience : contre la finitude de la vie, l'homme cherche à accomplir des actes et à réaliser toujours plus de désirs qui lui permettront de survivre à sa condition finie, de s'immortaliser dans la conscience des hommes, faible ersatz de l'éternité. [...]
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