N'a t-on jamais reçu ce conseil préconisant de « ne pas prendre ses rêves pour la réalité ? » En effet, n'est-il pas arrivé à tout un chacun de penser être en pleine réalité, alors même que nous étions en train de rêver ? Imaginant au cours de nos rêves touts sortes de choses, nous avons cru avoir affaire à la réalité même.
Ce discours, s'il a déjà pu être entendu, semble alors mettre l'accent sur un point fondamental, qui vise à montrer essentiellement l'imagination comme source inévitable de confusion et de tromperie.
Effectivement, le fait d'imaginer, de présenter à la conscience les choses en leur absence, paraît apte, et cela à l'instar du rêve, à nous duper le plus profondément possible.
Et si nous nous sommes servis de l'exemple du rêve pour mettre en lumière cette donnée de l'imagination qui paraît induire en erreur le sujet faisant preuve de cette opération, nous pouvons également nous appuyer sur de nombreux autres exemples : il nous arrive souvent d'imaginer telle personne, personne que l'on connaît depuis longtemps et avec qui l'on a pu passer de nombreux instants. Pourtant, dans cet acte d'imaginer, n'a t-on jamais éprouvé cette sensation de lutter inlassablement contre cette image, censée représenter mon camarade, mais qui au contraire, tendait à présenter cette personne d'une manière particulièrement floue, incertaine, et qui à certains égards, pouvait me faire croire qu'il ne s'agissait plus de la même personne.
[...] L'imagination n'est-elle que tromperie et confusion ? Introduction N'a-t-on jamais reçu ce conseil préconisant de ne pas prendre ses rêves pour la réalité ? En effet, n'est-il pas arrivé à tout un chacun de penser être en pleine réalité, alors même que nous étions en train de rêver ? Imaginant au cours de nos rêves toutes sortes de choses, nous avons cru avoir affaire à la réalité même. Ce discours, s'il a déjà pu être entendu, semble alors mettre l'accent sur un point fondamental, qui vise à montrer essentiellement l'imagination comme source inévitable de confusion et de tromperie. [...]
[...] Ainsi, qualifier l'imagination de trompeuse, c'est évaluer l'imagination par rapport à la perception. L'imagination trompe en ce qu'elle voile l'objet qu'elle cherche pourtant à dévoiler, puisque cet objet apparaît d'une façon moins nette que nous donne la perception elle- même. Elle peut donc s'apparenter à une perception affaiblie, à une sous- perception Et parfois nous nous sentons trahis par cette imagination, et cela généralement au cours de nos rêves dans lesquels ce qui est imaginé est considéré par la conscience comme étant réel. [...]
[...] Car l'objet imaginé n'est rien d'autre qu'un objet passif : à ces ordres de la conscience obéissent les objets Cette phrase de Sartre prouve bien la passivité de l'imagination, qui dépend de ma volonté. Je peux me détourner de ces objets imaginés, ils s'anéantiront. Dire de l'imagination qu'elle trompe, peut donc s'avérer être une pensée juste, fondée, si l'imagination est comparée à la perception. Partie III Cependant, adopter ce point de vue, n'est-ce pas tout simplement se tromper soi-même quant à la véritable fonction de l'imagination ? L'imagination est-elle véritablement destinée à copier le réel, à livrer une pâle copie de mes perceptions ? [...]
[...] Pour autant, devons-nous réduire cet acte qu'est l'imagination à une simple tromperie et confusion ? En effet, nous est-il possible de faire de ce caractère trompeur une propriété intrinsèque de l'imagination ? Car si elle paraît, certes, pouvoir livrer une image confuse, on se demandera néanmoins face à quelle situation cette action est possible. Il conviendra donc de s'arrêter plus particulièrement sur cette opération de l'âme pour tenter d'en dégager ses principales particularités. Enfin, admettre que l'imagination se résume à une tromperie et une confusion, n'est-ce pas alors faire erreur sur le rôle que nous serions tentés de conférer à l'imagination ? [...]
[...] Lorsque nous pensons de l'imagination qu'elle est tromperie et confusion, c'est en la rapprochant et en la comparant à la perception. Or, comme nous l'avons montré précédemment, elle ne nous a pas été offerte pour reproduire le réel mais au contraire pour nous donner à voir un autre visage du réel, pour faire que l'invisible soit visible. Elle s'affirme donc comme la reine des facultés et se place comme la condition même de toues les opérations intellectuelles car, comme l'affirme Baudelaire, sans elle, toutes les facultés, si solides et si aiguisées qu'elles soient, sont comme si elles n'étaient pas (Extrait du Salon de 1859, publié en plusieurs parties dans La Revue Française). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture