Effectivement, le fait d'imaginer, de présenter à la conscience les choses en leur absence, paraît apte, et cela à l'instar du rêve, à nous duper le plus profondément possible (...)
[...] L'imagination conditionne donc la perception : lorsque nous percevons un objet dont la taille reste considérable, nous avons besoin de notre perception qui assure une fonction essentielle. Prenons l'exemple d'un lac, je ne peux le percevoir entièrement que si je rattache ce morceau de lac que je perçois, à celui que je viens de percevoir il y a à peine deux secondes : sans l'imagination pour assurer la connexion entre ces éléments, je ne pourrais percevoir ce lac dans sa totalité. CONCLUSION Ainsi, peut-être sommes-nous la cause même de cette tromperie que nous attribuons spontanément à l'imagination. [...]
[...] Si Alain s'arrête sur le caractère défaillant de l'imagination qui serait incapable de produire une image aussi précise que la réalité telle que nous la percevons, nous devons également nous attarder sur ce caractère qui parait essentiel : le rôle originel de l'imagination semble ne pas être celui de reproduire le réel. La perception présente un domaine qui est fermé : lorsque je perçois, je m'inscris dans la durée. Je perçois à ce moment-là, qui est un moment présent. Quand j'imagine, au contraire, je peux imaginer des choses présentes mais également passées, et même futures. Ainsi l'imagination peut explorer tous les champs possibles, dépasser le donné. Elle s'ouvre sur les multiples possibilités qu'offre l'avenir : en cela, nous pouvons dire qu'elle permet, d'une certaine manière, une meilleure connaissance du réel. [...]
[...] Lorsque nous pensons de l'imagination qu'elle est tromperie et confusion, c'est en la rapprochant et en la comparant à la perception. Or, comme nous l'avons montré précédemment, elle ne nous a pas été offerte pour reproduire le réel mais au contraire pour nous donner à voir un autre visage du réel, pour faire que l'invisible soit visible. Elle s'affirme donc comme la reine des facultés et se place comme la condition même de toues les opérations intellectuelles car, comme l'affirme Baudelaire, sans elle, toutes les facultés, si solides et si aiguisées qu'elles soient, sont comme si elles n'étaient pas (extrait du Salon de 1859, publié en plusieurs parties dans La Revue Française). [...]
[...] Car l'objet imaginé n'est rien d'autre qu'un objet passif : à ces ordres de la conscience obéissent les objets Cette phrase de Sartre prouve bien la passivité de l'imagination, qui dépend de ma volonté. Je peux me détourner de ces objets imaginés, ils s'anéantiront. Dire de l'imagination qu'elle trompe, peut donc s'avérer être une pensée juste, fondée, si l'imagination est comparée à la perception. PARTIE III Cependant, adopter ce point de vue, n'est-ce pas tout simplement se tromper soi-même quant à la véritable fonction de l'imagination ? L'imagination est-elle véritablement destinée à copier le réel, à livrer une pâle copie de mes perceptions ? [...]
[...] Sartre appelle donc cette relation entretenue entre le sujet et l'objet imaginé une quasi-observation : je me place en tant qu'observateur mais mon rôle est restreint en ce que je ne découvre rien de plus dans l'objet imaginé puisque j'en avais une vision précise au préalable. Par rapport à la perception, qui découvre peu à peu son objet, l'imagination livre l'image de l'objet d'un seul bloc. Ce cube que je perçois peut finalement s'avérer ne pas en être un, car si je l'observe, si j'en fais le tour, je serai capable de voir que ma pensée était fausse. [...]
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