Au Canada français, la religion c'est avant tout le catholicisme. L'Église a en effet imprégné toute la société et elle a exercé un très fort ascendant sur les idéaux canadiens-français, au point que le destin de l'Église s'est confondu avec celui du peuple. Parmi les différentes doctrines du catholicisme, l'ultramontanisme en particulier a connu un franc succès populaire au Canada français, et ce sous l'influence d'un homme : Mgr Ignace Bourget, évêque de Montréal de 1840 à 1876, qui s'est imposé comme le leader ultramontain au Canada français.
Nous allons présenter tout d'abord la doctrine ultramontaine, et plus particulièrement au Canada français, avant de nous intéresser à la pensée ultramontaine de Mgr Bourget et à ses réalisations pour faire triompher ses idées dans la société canadienne-française.
[...] Eid, op. cit., p Mgr Bourget, Lettre circulaire juin 1871, cité dans Nadia F. Eid, op. cit., p Mgr Bourget, Mandement février 1862, cité dans Nadia F. Eid, op. cit., p Nadia F. Eid, op. cit., p Mgr Bourget, Mandement juin 1850, cité dans Nadia F. Eid, op. [...]
[...] Le journalisme catholique ou religieux est finalement devenu synonyme de journalisme ultramontain intransigeant. Mgr Bourget a défendu avec acharnement la presse religieuse, même s'il en parfois déploré. Dans le plan de régénération et de christianisation du Canada français conçu par Mgr Bourget, le rôle pédagogique de propager les bons principes confié à la bonne presse a également été dévolu aux œuvres culturelles. Aux yeux de Bourget, ces efforts tendaient essentiellement à l'avancement religieux, moral et temporel du peuple ; c'est pourquoi ils se sont accompagnés, dans les documents épiscopaux et la presse religieuse, d'une dénonciation de la mauvaise littérature et d'une description de la bonne littérature. [...]
[...] Observons tout d'abord la dimension religieuse de la pensée ultramontaine de Mgr Bourget. Le trait dominant de Mgr Bourget comme des autres ultramontains, c'est sa fidélité indéfectible envers le pape et de tout ce qui émane de Rome. Il dit même explicitement de sa doctrine que c'est une école qui s'attache cordialement aux enseignements du Saint- Siège, qui approuve tout ce que le Pape approuve, et qui condamne tout ce que le Pape condamne On peut donc parler d'une croyance aveugle dans le dogme de l'infaillibilité pontificale (défini en 1870 lors de Vatican I). [...]
[...] L'ultramontanisme, très puissant dans les années 1860, se scinde en deux groupes. Les extrémistes luttent pour l'application immédiate des principes ultramontains : exercice du pouvoir sur l'éducation, réforme des lois pour qu'elles soient conformes au droit canonique, surveillance de la législation civile par l'épiscopat, etc. Les ultramontains modérés, qualifiés de libéraux par les extrémistes, souhaitent une application plus prudente des principes et le recours au compromis si nécessaire. Les extrémistes, dirigés d'abord par Mgr Bourget, puis par Mgr Louis-François Laflèche, mobilisent des journalistes et des politiciens conservateurs, qui préconisent un programme catholique visant à garantir la suprématie de l'Église dans la vie politique. [...]
[...] On observe aussi, comme pour le pape, une identification entre le prêtre et le Christ, et, de ce fait, une confusion entre le clergé et la religion. La pensée de Mgr Bourget comporte également une dimension politique. Les vertus et les pouvoirs attribués au clergé dans le domaine spirituel débouchèrent sur l'affirmation explicite de son droit à l'exercice d'un leadership sur le plan politique En vertu de la croyance en la suprématie du pouvoir spirituel sur le temporel, Mgr Bourget et les ultramontains ont souvent eu tendance à confondre les deux. [...]
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