De nos jours, beaucoup de débats sociétaux semblent reposer sur la question de la morale : les problèmes que posent les avancées en matière de génétique, la préservation de l'environnement, l'application effective des droits de l'homme… De plus, notre ère est caractérisée par un mouvement paradoxal : face à l'individualisme croissant, la mondialisation pourtant s'accélère, se faisant rencontrer plus facilement les cultures, ouvrant les frontières des Etats-Nations. Il ne serait là pas pertinent de poser un jugement de valeur, mais bien de comprendre la tension inhérente à ce paradoxe, entre particulier et universel, qui sous-tend la question de la morale. En effet, l'idée d'une morale universelle peut-elle encore avoir un sens ?
Tout d'abord, parler d'idée, c'est aborder le domaine de l'abstraction, si l'on considère que l'idée est une représentation de l'esprit qui peut être exprimée de façon visible, c'est quelque chose qui n'a pas encore été appliqué. Chez Platon, les Idées constituent l'essence des choses et donc précèdent la matière, et sont surtout dans leur définition déjà connotée par la recherche de caractéristiques universelles. Le mot « morale » est quant à lui souvent considéré comme synonyme d'éthique mais on peut les distinguer. En effet, une morale est un système de prescription et d'interdits qui portent sur des attitudes, des comportements, des conduites, et qui se trouvent ainsi tous qualifiés d'un point de vue moral, en reposant sur la distinction sur le bien et le mal, le juste et l'injuste. Ainsi, les vertus correspondraient aux bons comportements et attitudes et les vices aux mauvais. Cependant, sur quoi reposent ces prescriptions morales ? Pourquoi les accepter et les respecter ? Ne seraient-elles que de pures conventions arbitraires ?
[...] La définition de la vertu est donnée comme universelle, mais elle risque d'être perçue comme particulière à un temps et à un lieu. Si l'on veut définir la vie morale, la vertu et du bonheur à toutes contingences, il est nécessaire de neutraliser les références politiques. Après Aristote, chez les stoïciens, l'étude éthique vise à déterminer l'essence de la vertu sans référence politique ou sociale, perspective apolitique ; chez les stoïciens, ce qui importe n'est pas la vie dans la cité, mais se reconnaître citoyen du monde : la morale est cosmopolitique, on va alors être indifférent aux coutumes ou mœurs d'une cité. [...]
[...] Selon Marcel Conche, " Les morales collectives remplissent leur fonction, qui est d'unir les individus d'un même groupe humain par des croyances communes " L'échelle de la société semble pertinente pour analyser la morale dans nos sociétés contemporaines. Mais l'individualisme, souvent considéré de manière négative, semble être croissant de nos jours : aujourd'hui, on ne croit plus à un soubassement métaphysique d'une nature humaine, quoi nous rassemblerait tous ? Il convient alors de différencier morale individuelle et morale commune. La morale individuelle, ce sont les principes que l'on s'impose à soi-même. [...]
[...] Pour lui, le principe d'unité du genre humain est encore possible. La solution passerait par une éthique de la discussion afin de parvenir à un consensus, un principe susceptible de devenir universel ; pour cela, il devra émaner d'une discussion libre et ouverte, c'est-à-dire sans manipulation ou sans usage de la force et dans l'équité la plus totale. Si un principe émane de cette discussion, il sera considéré comme universalisable, c'est-à-dire ayant la capacité de tendre vers l'universalité, sans forcément l'atteindre. [...]
[...] De plus, il souligne l'importance du contexte dans le comportement moral : ce qui pourrait être exact dans une situation pourrait être erroné dans d'autres. Une des critiques que l'on peut formuler serait que sa politique est normative et positive, c'est- à-dire qu'elle dicte les conditions et les comportements dans un jugement de valeur. Cependant, Aristote s'adresse à tous, l'universalité de sa philosophie est indéniable : même si subsistent des différences de modalités et dans les principes, la forme de la question éthique de la vie bonne est universelle. [...]
[...] Un autre domaine lié au droit, mais aussi à la morale, est le politique qui, pour le sens commun, est une nécessité impérieuse qui s'impose aux hommes. En effet, on considère spontanément que l'homme va vivre en autarcie et qu'il dépend des autres pour son existence même. Il doit y avoir un souci d'existence qui concerne tout le monde et qui rend possible la vie commune et le bien-vivre, c'est le politique. Ainsi, il n'y a pas de société sans politique en tant que quelque chose qui permet d'atteindre et préserver la vie bonne, même si chacune définit sa propre idée du politique et ce en quoi consiste la vie bonne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture