Les médias ont une certaine tendance à séparer des domaines en les qualifiant de « monde ». Par exemple, on lit ou entend fréquemment le « monde de la finance ». De même, l'expression de « monde souterrain » est employée pour désigner l'illégalité. Cette distinction est frappante, car le domaine de la finance et l'illégalité sont des éléments qui composent le monde, celui que nous habitons. Ainsi, devrions-nous comprendre que notre monde est global et englobant, tandis que les autres seraient des sous-ensembles ? Ou faut-il, au contraire considérer que le terme « monde » a ici la même valeur ? Cette partition est-elle justifiée ? Le terme de « monde » apparaît donc bien problématique, car on y place une certaine idée, sans forcément mesurer de quoi il s'agit. S'interroger sur l'idée de monde revient à s'interroger sur la représentation, faite de concepts, d'images, sur la définition et sur ce qu'entraîne le monde. On peut également se demander s'il y a une univocité de l'idée et de son objet. Spontanément, le monde nous apparaît comme ce lieu que nous habitons, fondamentalement concret, fait de caractéristiques et de règles. Il s'agit de voir ce qu'est le monde.
[...] Nous nous faisons spontanément une idée plutôt obtuse du monde, du fait du carcan concret dans lequel nous nous trouvons. Néanmoins, il y a un conflit avec le désir, la soif métaphysique de l'homme, qui cherche à dépasser le concret. Mais la recherche d'autres mondes n'est guère satisfaisante dans une perspective métaphysique, lorsque l'on transpose notre idée concrète du monde à d'autres lieux. Aussi faut-il se tourner vers la fiction pour trouver un au-delà un monde qui puisse éclairer notre réalité. [...]
[...] Les divinités Gaïa et Ouranos sont donc à l'origine de ce que nous percevons comme terre et comme ciel. La mythologie nous apporte une élucidation divine et personnifiée de l'origine et des changements du monde : les dieux en sont la cause. Néanmoins, ces êtres qui ont créé le monde, d'où viennent-ils ? La même question se pose avec le christianisme, qui pense Dieu comme cause du monde. Il est le Créateur et nous sommes ses créatures, vivant dans la Création. [...]
[...] Ainsi, le monde devient certes ce système dont les éléments sont liés, vivants, agissants, ce système harmonieux, concret ou fictif, mais on peut aussi s'en faire une idée permettant d'atteindre l'idéal ou la variété grâce à l'imagination, ou encore une lecture originale de notre monde réel. Le monde et l'idée de monde offrent donc une multitude de possibilités, pour peu que l'on y soit attentif et que l'on explore le monde, plutôt que d' »exporter notre idée de monde, pour réellement atteindre l'idée que nous y mettons, celle de possibilité. [...]
[...] Le monde est donc un élément qui nous plonge dans l'incertitude, voire dévoile les limites de notre compréhension, car nous en saisissons les effets, mais les causes sont imprégnées de contingence et n'éclairent pas vraiment notre désir métaphysique, qui s'interroge sur la raison d'être de ce monde, qui demeure, de ce point de vue, insaisissable. Aussi, se forger une idée de monde permet de se l'approprier, par les mots, en mesurant ses effets. Cela témoigne donc d'un besoin de se rassurer face à notre angoisse, due à une idée incomplète du monde. Nous restons enfermés dans le monde que nous expérimentons, tout en nous interrogeant sur l'existence d'autres mondes. [...]
[...] Ces propositions permettent de sortir du monde que nous habitons en pensée. Et n'est-ce pas là justement l'une des caractéristiques les plus fortes de l'idée de monde, celle d'être pensable ? En effet, à partir de là, tous les mondes sont pensables, sans besoin d'expédition, mais d'exploration de ce qui peut faire monde et cette matière n'a de limite que celle de l'imagination. La fiction joue ici un rôle décisif. On parle du monde d'un écrivain pour désigner son univers de pensée, ses sources d'inspiration. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture