"Unrat se mit brusquement à battre des mains, au grand étonnement de ses propres yeux."(Professeur Unrat, Cahiers rouges, Grasset, p 58). Par ce détail littéraire, Heinrich Mann illustre dans son roman, le divorce entre l'idée que cet homme se fait de lui-même et la réalité. L'homme enivré par une petite chanteuse de cabaret se fond, en battant des mains malgré lui à un milieu qu'il méprisait . Il se refusait le plaisir de jouir de cet instant par un soucis de discipline qu'il s'impose lui-même. Il niait en même temps sa propre liberté en y mettant un frein, se conformant à des lois tel que le respect de son statut de professeur par rapport aux autres. Son étonnement, dit "grand" prouve que cet acte ne répond pas à un choix personnel mais à une force impersonnelle qu'il ne maîtrise pas. Il subit la loi des passions. Qu'elle soit prise dans le concept intérieur (en soi; celui des passions) ou extérieur (pour soi, celui de la politique par exemple), l'idée de loi domine comme étant un pouvoir auquel il faut se conformer en matière de droits et de devoirs. Ainsi, je suis sujet de la loi. Perçue comme un pur pouvoir d'autodétermination, d'autonomie, un libre arbitre puis un statut, éventuellement arbitraire et inconséquent, l'idée de liberté, pour sa part paraîtrait incompatible avec l'existence de la société car, qui dit société, dit lois qui la régissent ou la soutiennent. On questionne ainsi la compatibilité de l'idée de liberté d'une part et de l'idée de loi d'autre part. La compatibilité, notion fondamentale suppose , du latin cum (avec) et patio (souffrance) une souffrance ou expérience partagée. Elles supporteraient ensemble une même réalité. La liberté pourrait être perçue dans la société comme y trouvant une juste place. Elles iraient ensemble. La liberté de même que la loi sont ici prises au dessus des concepts, dans leur absoluité, originales et véritables constructions de l'esprit. Leur idée est dès lors indépendante de la morale, de la politique et de tous les autres domaines, des domaines dans lesquels peuvent s'appliquer la liberté et la loi dans les faits. Le problème se pose alors: L'idée de liberté se pense-t-elle en accord avec l'idée de loi? Ou bien est-ce une illusion que d'imaginer une forme de liberté conforme à la loi? Enfin, l'idée de loi masque-t-elle l'idée de liberté? On consent, à première vue à leur incompatibilité. La loi serait à l'évidence "liberticide" parce qu'elle mettrait fin à l'idée de liberté. Est-elle contrainte depuis sa construction dans l'esprit? Cependant, et pour éprouver cette représentation première , on confronte cette opinion en ne percevant plus l'une comme victime ou masque de l'autre mais dans leur corrélation. La loi serait-elle le produit nécessaire à la conception faite de la liberté? Pourtant, les philosophies de la liberté restent au centre du problème. Sont-elles des créations libres ou bien répondent-elles aussi à des lois?
[...] Cette dernière est maîtresse de sa liberté et chaque manquement à la loi, à un de ses droits ou un de ses devoirs rappelle par ses conséquences la positivité de son intérêt quant aux systèmes tyranniques. La liberté est le fondement de la démocratie. Comme le souligne La Boétie, chaque fois que j'ai l'impression que par la loi on m'empêche de faire telle ou telle chose, que mon budget est restreint par elle, qu'"ils" me prennent trop d'impôts, j'accuse les faiseurs de la loi. Ces derniers, grâce au principe du suffrage universel, sauf régimes totalitaires, je les ai élus. J'ai choisi mes représentants. J'ai voté pour qu'ils prennent soin de ma liberté. [...]
[...] L'idée de loi masque encore l'idée de liberté. La liberté de la philosophie de la liberté demeure problématique. Quoi qu'il en soit, intervalle entre l'idée et sa réalisation subsiste toujours, comme pour attester la parenté entre la pensée et l'utopie, entre l'idée et l'idéal. [...]
[...] Leur idée est dès lors indépendante de la morale, de la politique et de tous les autres domaines, des domaines dans lesquels peuvent s'appliquer la liberté et la loi dans les faits. Le problème se pose alors: l'idée de liberté se pense-t-elle en accord avec l'idée de loi? Ou bien est-ce une illusion que d'imaginer une forme de liberté conforme à la loi? Enfin, l'idée de loi masque-t-elle l'idée de liberté? On consent, à première vue à leur incompatibilité. La loi serait à l'évidence "liberticide" parce qu'elle mettrait fin à l'idée de liberté. Est-elle contrainte depuis sa construction dans l'esprit? [...]
[...] L'idée de liberté est-elle compatible avec l'idée de loi? "Unrat se mit brusquement à battre des mains, au grand étonnement de ses propres yeux."(Professeur Unrat, Cahiers rouges, Grasset, p 58). Par ce détail littéraire, Heinrich Mann illustre dans son roman, le divorce entre l'idée que cet homme se fait de lui-même et la réalité. L'homme enivré par une petite chanteuse de cabaret se fond, en battant des mains malgré lui à un milieu qu'il méprisait . Il se refusait le plaisir de jouir de cet instant par un souci de discipline qu'il s'impose lui-même. [...]
[...] Sous la plume de Victor Hugo l'idée de liberté subit l'idée de loi sociale puis de loi de la nature et enfin de loi religieuse sans oublier l'omniprésente loi du coeur comme poids qui écrasent. L'auteur écrit la "fatalité" humaine. L'idée de liberté et l'idée de loi paraissent d'emblée incompatibles. Il y a une force des choses, il y a une fatalité contre laquelle l'homme est impuissant. Il est "misérable". De ce fait, l'expression de la fatalité , du grec Ananké illustre donc l'anéantissement de l'idée de liberté par l'idée de loi qu'elle qu'en soit sa nature. [...]
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