Loi, justice, injuste, légitimité des lois, Antigone, Sophocle, lois de la cité, politique, Kant, Aristote, Rhéthorique
Dans sa pièce Antigone, Sophocle met en scène le conflit entre Créon, roi de Thèbes, et sa nièce Antigone. Celle-ci souhaiterait offrir à la dépouille de son frère une sépulture, mais son oncle s'y oppose au nom des lois de la cité. Mais peut-on, comme Antigone, soutenir qu'il existe des lois injustes ? Le problème porte sur le rapport entre les lois et l'idée de justice. Les lois sont les règles définissant les droits et les devoirs des individus qui y sont soumis, et il semble difficile de tracer une limite entre le juste et l'injuste sans s'appuyer sur les lois qui la définissent. Mais dans ce cas, l'idée de loi injuste serait contradictoire, alors même qu'elle nous semble naturelle.
Le problème qui se pose est donc le suivant : l'idée de justice fonde-t-elle la légitimité des lois ?
[...] Une fracture entre la justice et la loi n'est-elle pas possible ? L'identification du juste et de ce qui est conforme aux lois présente des limites importantes. Les exemples historiques sont nombreux, dans les régimes totalitaires par exemple, où les lois apparaissaient injustes, voire inhumaines, ou la seule conduite juste était la désobéissance. Cette identification repose en effet sur une confusion entre ce qui est légal et ce qui est légitime, c'est-à-dire conforme à des principes supérieurs au droit positif, et auxquels nous pouvons avoir accès à travers la conscience morale, cette instance interne à tout individu qui juge moralement ses actions et celles d'autrui. [...]
[...] Le problème qui se pose est donc le suivant : l'idée de justice fonde-t-elle la légitimité des lois ? Dans un premier temps, nous verrons que la justice ne peut pas fonder la légitimité des lois, dans la mesure où la justice est définie à partir des lois. Dans un deuxième temps, un principe de justice semblera cependant nécessaire pour donner leur valeur aux lois. Il apparaitra enfin que, même si la justice et la loi sont inséparables, la légitimité des lois ne peut être fondée que sur une certaine idée de la justice. [...]
[...] Ainsi, si la loi est souvent claire, la justice réclame une application intelligente et droite de la loi. Nous avons donc montré qu'il est nécessaire de distinguer loi et justice, qu'une certaine idée de la justice vient fonder la légitimité des lois, et qu'une loi peut-être injuste. La notion de légitimité nous montre en effet que la loi est de l'ordre du politique, alors que la justice est aussi une notion morale. Les lois ne sont donc pas justes tant qu'elles sont conformes à la nature de l'homme et qu'elles sont appliquées avec équité. [...]
[...] L'idée de justice fonde-t-elle la légitimité des lois ? Existe-t-il des lois injustes ? Dans sa pièce Antigone, Sophocle met en scène le conflit entre Créon, roi de Thèbes, et sa nièce Antigone. Celle-ci souhaiterait offrir à la dépouille de son frère une sépulture, mais son oncle s'y oppose au nom des lois de la cité. Mais peut-on, comme Antigone, soutenir qu'il existe des lois injustes ? Le problème porte sur le rapport entre les lois et l'idée de justice. [...]
[...] Mais la justice concerne aussi la distribution des richesses, et dans ce cas la justice passe par l'égalité (géométrique) : à chacun selon son mérite. Mais la justice ne concerne pas que les droits, les devoirs et les richesses : elle est ce au nom de quoi un crime doit être puni. Dans ce cas, la justice ne peut être seulement égalitaire et il ne suffit pas que les lois soient justes pour que règne la justice. En effet, la loi étant générale, elle ne peut prévoir tous les cas concrets. [...]
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