La France se revendique aujourd'hui comme la nation des droits de l'Homme et comme la garante de certaines valeurs nées de sa révolution de 1789. Ainsi en témoigne l'orientation et l'activisme diplomatique de la France lors de la décision américaine d'une intervention armée en Irak en mars 2003. L'idée même de changer la vie ou de changer l'Homme, la croyance qu'un changement fondamental est possible, est un héritage de 1789. Les projets révolutionnaires répondent à cette croyance. Dans cette perspective, ils proposent de définir, puis d'accélérer, ce qu'ils annoncent comme devant arriver et qui, sans l'intervention de la révolution, n'arriverait pas. Le mot même de révolution évoque les grands modèles modernes : les révolutions françaises et russes. La Révolution française, par les idées nouvelles qu'elle fait jaillir, n'est pas seulement une rupture politique et sociale de la nation : elle est surtout un symbole, un mythe. Ce mythe va servir d'exemple pour d'autres luttes rendues nécessaires par les mutations de la société industrielle. Parti de cette base que constitue 1789, comment l'idéal révolutionnaire a-t-il évolué en France, notamment face au nouveau défi de la lutte des classes ? Dans une première partie, nous verrons que l'idéal révolutionnaire a forgé l'identité française ; dans une deuxième partie, nous verrons la manière dont cet idéal s'est confronté à l'évolution de la société industrielle...
[...] Avec la Révolution, la culture française acquiert une portée égalitaire et émancipatrice. La Grande Nation est l'avant-garde de l'émancipation universelle, tout comme l'atelier de la culture démocratique européenne pour plusieurs décennies. Elle est investie d'une mission particulière pour le siècle à venir : porter aux autres peuples le message de la liberté. Pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, la France a tenté d'imposer son modèle et ses institutions à une partie importante de l'Europe. C'est cet argument de messianisme qui sera par exemple utilisé par Ferry pour justifier le processus de colonisation. [...]
[...] Cependant, les mouvements sociaux de la révolution ont fixé durablement dans les mentalités populaires un idéal égalitaire. La nation révolutionnaire s'est construite avant tout et de manière fondamentale contre les privilèges territoriaux et sociaux. La Révolution porte donc en elle un idéal d'égalité civile et absolue. La DDHC constitue aux yeux des républicains la charte fondamentale de l'organisation sociale. Les débats ont été nourris dans la première moitié du XIXè par une méconnaissance d'un idéal de la Révolution qui était la liberté. [...]
[...] Ce socialisme apparaît d'abord marqué par la redécouverte de la Révolution française. On y retient surtout l'héritage rousseauiste, le modèle de la démocratie politique. Le socialisme réhabilite le programme de Robespierre et de Saint-Just, il met en avant un véritable égalitarisme révolutionnaire en 1848, dont l'idéal leur a été transmis, entre autres, par Buonarroti. La tendance générale est au refus de la violence mais Blanqui par contre se revendique du jacobinisme révolutionnaire. Son projet politique est articulé sur la subversion violente, préparée dans le secret des conspirations, et l'établissement d'une dictature révolutionnaire chargée d'imposer un programme républicain contre les riches L'anarchisme entend, au-delà de la société bourgeoise, arriver au non-Etat. [...]
[...] La France s'affirme comme nation avec la Révolution de 1789. Le 14 juillet 1790, lors de la fête de la Fédération, des délégués venus de tout le pays proclament leur appartenance à la même communauté nationale. Il existe une volonté unificatrice qui passe aussi par le souci de créer des normes et des repères communs partout valides, ce qui se traduit aussi bien par l'institution du Code civil que par le maillage en départements ou encore la rationalisation de l'ancien système de mesure. [...]
[...] L'extrême-gauche est divisée et, sous couvert de discours révolutionnaire, est totalement intégrée à la démocratie parlementaire. Alain Krivine avait, par deux fois, précédé Arlette Laguiller dans la course à l'Elysée gagnant à l'époque le surnom de " Monsieur un pour cent L'extrême-gauche, qui conserve l'idéal de cette révolution du prolétariat, n'attire guère plus que les votes contestataires (exemple de l'élection présidentielle de 2002). Depuis quelques décennies, ce sont les mouvements et les régimes de libération nationale qui ont été les principaux représentants de la révolution. [...]
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