La grande variété de goût et d'opinion qui existe dans le monde est évidente. Son étude montre qu'elle est bien plus grande qu'en apparence. Il est naturel pour l'homme de chercher une norme du goût, une règle par laquelle les sentiments divers des hommes puissent être réconciliés. Il existe une grande différence entre le jugement et le sentiment. Tout sentiment est juste car le sentiment ne renvoie à rien au-delà de lui-même et qu'il est toujours réel, partout où l'homme en est conscient. Mais le jugement n'est pas forcément juste car les déterminations de l'entendement renvoient justement à quelque chose au-delà d'elles même, c'est à dire de la réalité. Les sentiments sont justes car aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l'objet. Il marque seulement une certaine relation entre les organes et l'objet (...)
[...] La pratique de la contemplation de la beauté demande de faire des comparaisons. Le regard qu'on porte sur oeuvre doit aussi être détaché de tout préjugé extérieur (si on connaît l'artiste par exemple), cela consiste donc à se placer en un point de vue précis. Sinon, le goût s'écarte de la véritable norme et perd donc tout crédit ou autorité. Toute oeuvre d'art possède une finalité et doit être jugée plus ou moins parfaite selon qu'elle est plus ou moins bien calculée pour atteindre cette fin : nous devons donc constamment avoir ces fins à l'esprit. [...]
[...] Toute créature comporte un état sein et un état déficient, il est clair que seul le premier peut offrir une réelle norme du goût et du sentiment. Si dans l'organisme on constate une uniformité parfaite des sentiments parmi les hommes, nous pouvons en tirer une idée de la beauté parfaite. Cependant, nombreux et fréquents sont les défauts des organes internes qui interdisent ou affaiblissent l'influence de ces principes généraux, dont dépend notre sentiment de la beauté ou de la laideur. [...]
[...] Là où les sens sont assez déliés pour percevoir les éléments de la composition nous dirons qu'il s'agit de la délicatesse du goût. On reconnaît que la perfection de tout sens consiste à percevoir avec exactitude ses objets les plus précis et à ne rien laisser échapper à son attention. De la même manière, la perfection de notre goût mental doit consister dans une perception rapide et perçante de la beauté et de la difformité. Seule la pratique d'un art particulier ou la contemplation répétée d'une forme de beauté permet d'accroître ce talent. [...]
[...] La beauté existe donc seulement dans l'esprit qui la contemple. Une personne peut donc percevoir de la difformité là où une personne y voit de la beauté. Chercher la beauté réelle est donc vain. Selon la disposition des organes, le même objet peut-être doux et amer. On ne peut donc pas fixer des règles de composition par des raisonnements a priori. Le fondement de toutes les règles est donc l'expérience pratique. Mais bien que ces règles générales sur l'art soient fondées seulement sur l'expérience et sur l'observation des sentiments communs de la nature humaine, nous ne devons pas imaginer que, à chaque occasion, les sentiments des hommes seront conforment à ces règles. [...]
[...] Ce sont alors les verdicts réunis de ces hommes qui forment la norme du goût. Cependant, la difficulté de trouver cette norme du goût n'est pas si grande qua cela. Les hommes de goût délicat sont rares mais on les remarque aisément dans la société : ils aident le génie à s'imposer. Mais en dépit de tous nos efforts pour fixer une norme du goût il subsiste encore deux sources de variations : la première consiste dans les différentes humeurs de hommes en particulier - l'autre réside dans les moeurs et les opinions particulières à notre page ou notre pays. [...]
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